Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

dimanche 21 août 2011

La Cité interdite de Pékin au cœur d'un vaste scandale






(De Pékin) Des antiquités volées, une inestimable assiette cassée « par accident », des termites qui rongent massivement les édifices… Rien ne va plus à la Cité interdite de Pékin, l'attraction touristique la plus populaire de Chine, classée patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.


Située au cœur de Pékin, bordant la place Tiananmen, la Cité interdite est tout un symbole : le symbole d'une histoire plurimillénaire, du raffinement de la culture chinoise, et du pouvoir. Le réalisateur italien Bernrado Bertolucci avait pu tourner en 1987 à l'intérieur de la Cité interdite son « Dernier empereur », un geste sans précédent, signe de l'ouverture post-maoiste. (Voir la bande annonce)
                                      


Fondé en 1925, peu après l'expulsion du dernier empereur, le musée du Palais qu'elle abrite est également la destination préférée des touristes en vadrouille dans l'Empire du milieu : cet été, le nombre de visiteurs quotidien a fréquemment excédé les 80 000.

Mais cette incroyable popularité n'a pas empêché la Cité interdite d'être l'objet de vives critiques depuis quelques temps, mettant fortement en cause la direction du musée du Palais.

En mai, l'opinion publique avait déjà été choquée par le vol de neuf boîtes de bijoux au sein du musée par un homme qui, resté à l'intérieur après la fermeture, s'était ensuite échappé en sautant par dessus l'un des murs d'enceinte de la Cité, déjouant ainsi un imposant système de sécurité.

Selon les sources du magazine indépendant Caixin, qui a publié une enquête sur le sujet, l'homme a en fait bénéficié du fait que plusieurs caméras de surveillances étaient déficientes, et que les zones qu'elles ne couvraient plus n'étaient pas non plus surveillées par des gardiens.

Un club pour riches et de la casse dans la Cité interdite


Quand l'homme fût arrêté, le 11 mai, la direction du musée s'est sans doute sentie soulagée. Mais cela n'était que le premier d'une série de scandales qui frappent depuis lors le mythique palais.

D'abord, suite à cette affaire, les responsables de la Cité ont voulu offrir une bannière aux policiers comme cela se fait en Chine, pour les remercier d'avoir capturé le voleur. Mais une fâcheuse erreur de caractère a transformé la phrase « Défendre la prospérité du pays » en « Secouer la prospérité du pays ». Des photos de la banderole brandie par les officiels ont circulé, et l'administration a été la risée du Web.

Quelques jours plus tard, le Palais faisait de nouveau la une des journaux alors qu'une rumeur a commencé à circuler sur le Web : quelque part, dans l'immense zone de l'ancienne Cité interdite qui n'est pas ouverte au public, se cacherait un club pour riches où se dérouleraient des soirées privées. L'affaire a choqué de nombreux Chinois.

Puis, en juillet, une assiette en porcelaine datant de la dynastie des Song et fabriquée grâce à une technique extrêmement rare a été accidentellement cassée en six morceaux.

Selon des experts en conservation culturelle, qui se sont beaucoup émus de l'affaire et de la façon dont la direction du musée à essayé de l'étouffer, il s'agit de l'accident le plus grave du genre depuis la fondation du musée. La valeur de cette assiette est estimée à 100 millions de yuans (10,9 millions d'euros), selon la presse.

Mais ce n'est pas tout : aujourd'hui, selon le quotidien officiel Global Times, voici que les responsables du musée sont accusés d'avoir « égaré » une centaine de livres anciens d'une valeur inestimable, et d'avoir tenté d'étouffer à coup de gros sous des magouilles dans la vente des tickets d'entrée.

Les reliques sont-elles en sécurité dans la Cité interdite ?


Cependant, si les scandales se sont multipliés ces derniers temps, ce n'est pas la première fois que des affaires embarrassantes pour la direction se produisent : en 2005, les responsables avaient dû expliquer la raison pour laquelle de l'eau gouttant d'un appareil de climatisation avait endommagé une peinture datant du Xe siècle. Elles avaient tout simplement prétexté une « erreur de conception »…

Enfin, en 2006, des termites ont été découvertes dans la partie ouest du palais. Une opération visant à déloger les indésirables mangeuses de bois avait été menée mais selon Caixin, cela est loin d'avoir été efficace. Le magazine, qui dit craindre que la Cité n'en soit fortement endommagée, rapporte les résultats d'une récente enquête qui conclut :

« La zone affectée par les termites était plus large que ce que nous avions pensé au début. Certains des piliers de bois ont été complètement creusés. »

La crédibilité de l'équipe en charge du musée du Palais a donc largement souffert ces derniers mois, au point que se multiplient sur Internet les commentaires scandalisés, mettant en doute la capacité des autorités à protéger les reliques du passé.

« Peut-être qu'ils ont couvert d'autres erreurs similaires, qui sait ? » s'interroge ainsi un utilisateur de Weibo, le Twitter chinois. Chufeng72, un autre internaute, commente :

« Les reliques préservées au musée du Palais n'appartiennent pas qu'au musée, elles représentent trop de culture et d'histoire nationale. »

Qing Xin Ya Xuan conclut :

« Quand je vois les minables portes de la Cité interdite, je me dis que cela est une chance qu'il y ait certains objets chinois au Louvre et dans les musées anglais. Bien qu'il ne nous appartiennent plus, au moins ils sont toujours là. »
Tourisme de masse en 2001 à la Cité interdite (Pierre Haski/Rue89)

Photos : l'immensité de la cité interdite, au centre de Pékin ; tourisme de masse à la Cité interdite, Pékin 2011 (Pierre Haski/Rue8).
En partenariat avec Aujourd'hui la Chine
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