Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

jeudi 21 novembre 2013

Censure : Facebook décapite toute logique

Décapitation d'Edmund Beaufort en 1471, devant Edward IV.
    Décapitation d'Edmund Beaufort en 1471, devant Edward IV.
WEB
Les règles de modération du réseau ont changé, a découvert la BBC : les photos et vidéos de décapitation, entre autres contenus ultra-violents, sont désormais autorisés tant que les internautes n'en font pas l'apologie.

Une femme en bikini, c’est bon. Une femme qui allaite, c’est non. Des tétons masculins, ça passe. Des tétons féminins, refusés. Un nu artistique, c’est toujours non. Un chiot torturé, c’est oui, sauf si la légende de la photo semble «encourager» ou «promouvoir» cette pratique. Et les vidéos de décapitations humaines, c’est oui aussi. Facebook, dont les règles de modération sont décidément de plus en plus absurdes, vient de réautoriser leur publication par les internautes.

Tout comme le démembrement, la mutilation et les bûchers humains, la décapitation faisait partie encore des contenus censurés sur Facebook encore l’an dernier, à l’époque où
le site Gawker avait mis la main sur le mode d’emploi que doivent appliquer les modérateurs du réseau social quand un internaute «signale» une image ou une vidéo inappropriées. Mais la BBC vient se rendre compte que les règles avaient changé. «Nous avons été alertés par un lecteur qui voulait faire enlever une vidéo filmée au Mexique, dans laquelle un homme masqué coupe la tête d’une femme. Ce lecteur disait que Facebook avait refusé de retirer cette vidéo.» Renseignement pris, il ne s’agissait pas d’une erreur : le réseau social a confirmé à la chaîne que la publication de ce genre d’acte était désormais dans les clous.

Il suffit que ni les auteurs de la vidéo, ni l’internaute qui la poste sur son profil ne se félicitent de la mort de la victime ou fasse l’apologie du crime commis. Facebook considère alors ces images comme un témoignage informatif et militant sur la violence du monde, un peu comme un reportage de guerre. «Facebook est depuis toujours un lieu de partage d’expériences, et particulièrement d’événements controversés vécus sur le terrain, comme les violations des droits humains ou les actes de terrorisme, se justifie Facebook. Les gens partagent cette vidéo pour la condamner. S’ils en faisaient l’apologie, ou si les agissements filmés étaient encouragés, notre approche serait différente.»

Sauf que Facebook n’a pas vocation à interpréter l’intention des internautes qui diffusent la vidéo : il devrait s’appuyer sur des critères objectifs quant à son contenu. Sinon, comment continuer à justifier
la censure de L’origine du Monde alors que les musées la postent sur leur profil pour diffuser la culture, et non pour satisfaire leurs travers voyeurs ? L’argumentation ne tient pas, et Facebook s’arrange aujourd’hui comme il veut avec la notion de liberté d’expression, appliquant sa propre loi, incompréhensible, sur ses serveurs.

A lire sur le sujet :
«La liberté dans sa plus simple expression», une chronique de Laurent Chemla

Devant la réaction outrée du monde entier (des médias au Premier ministre britannique David Cameron, en passant par les associations de protection de l’enfance), Facebook a promis d’étudier la possibilité d’afficher un avertissement devant les vidéos les plus violentes. Sur un réseau à 1,15 milliard de membres où on ne compte plus les moins de 13 ans mentant sur leur âge pour se créer un profil, c’est tout de même la moindre des choses.
Camille GÉVAUDAN


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