Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

vendredi 8 juillet 2011

La résurgence de discours apocalyptiques à l’approche de 201

Rapport annuel de la MIVILUDES – La résurgence de discours apocalyptiques à l’approche de 2012 : du mythe de la fin du monde à la réalité d’un risque accru de dérives sectaires

Posté par ethanol le 6/21/11 • Classé dans News,Revue de Net / Presse
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Rapport annuel de la MIVILUDES   La résurgence de discours apocalyptiques  à l’approche de 2012 : du mythe de la fin du monde à la  réalité d’un risque accru de dérives sectairesImpossible d’échapper la semaine dernière au plan média accompagnant la sortie du dernier rapport annuel de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Cette année, le rapport s’attache particulièrement aux possibilités de dérives liées aux traitements alternatifs du cancer, aux stages de formation organisés par des mouvements prônant des approches médicales non conventionnelles et la résurgence du discours apocalyptique à l’approche de 2012.
Ce dernier sujet ne pouvait laisser indifférent la-fin-du-monde.fr, voici donc un résumé des près de 130 pages consacrées à ce topique, la lecture du rapport complet étant vivement recommandée aux personnes intéressées par le sujet.
Rapport annuel de la MIVILUDES   La résurgence de discours apocalyptiques  à l’approche de 2012 : du mythe de la fin du monde à la  réalité d’un risque accru de dérives sectaires
Georges Fenech, le président de la Miviludes,à Carcassonne, lors d'une réunion avec des responsables des services de l'État. Photo DDM
Le 1er chapitre de la partie centrée sur 2012, « La fin du monde en 2012 : des interprétations volontairement anxiogènes« , balaye tous les éléments constitutifs du phénomène 2012 : Calendrier Maya, l’alignement galactique, les tempêtes solaires, les trous noirs, Nibiru… et conclu sur la potentialité négative de tels discours pour les populations :
Ces multiples scénarios peuvent en effet donner corps à des croyances mystiques ou religieuses qui vont ainsi trouver le fondement nécessaire pour asseoir leurs thèses apocalyptiques. En alimentant un climat anxiogène par la référence à des éléments pseudo-scientifiques, même non vérifiés, ces croyances instrumentalisent en réalité les peurs collectives pour mieux exercer une véritable emprise sur les personnes, pouvant conduire, dans les cas extrêmes, à un risque vital pour les membres du groupe, ou à une remise en cause de la société par des actions plus ou moins violentes contre le groupe social.
Ce risque est d’autant plus grand qu’avec cette multitude de prophéties de fin du monde on se trouve aujourd’hui dans une situation de banalisation des messages apocalyptiques.


la suite

Le second chapitre, « Un mythe propice à la résurgence de discours apocalyptiques »,  s’attache lui aux origines des discours apocalyptiques et millénaristes.
La prochaine apocalypse : 2012 ou la nouvelle fin du monde
Cette fois-ci majoritairement inspirés par le courant New Age, les discours de fin du monde pour 2012 se distinguent également par trois facteurs :
  • d’abord, un phénomène d’amplification, voire de banalisation de ces craintes dans une société mondialisée et baignée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), notamment Internet  ;
  • ensuite, le climat actuel de crise économique, d’alertes écologiques, d’incertitudes sur l’avenir et de crise profonde des valeurs sociétales, qui vient offrir un terreau fertile à ce type de propos alarmistes ;
  • enfin, une utilisation à des fins commerciales de ces prédictions, qui atteint son paroxysme dans tous les domaines (art, production littéraire et cinématographique, conférences, jeux vidéo, produits dérivés, vente d’abris antiapocalypse…).
Tout en précisant qu’i « Il est important en ce sens de rappeler qu’un groupe sectaire qui annonce la fin du monde dans sa doctrine ne génère pas automatiquement une tragédie » , le 3e chapitre, « Un mythe potentiellement créateur de dangers bien réels » dresse un rappel historique des tragédies passées :
Sans vouloir endosser le rôle de Cassandre, la Miviludes souhaite rappeler un certain nombre de précédents historiques qui ne peuvent qu’inciter à la prudence à l’approche de 2012.
Ces événements mettent en lumière les dangers que ces types de discours anxiogènes peuvent comporter. Pour une meilleure compréhension des risques, on peut les regrouper en quatre rubriques :
  • les dangers liés à la doctrine apocalyptique ou millénariste elle-même, lorsqu’elle devient l’axe central de la croyance du groupe  ;
  • les dangers liés à la personnalité paranoïaque du leader charismatique du groupe  ;
  • les dangers liés à l’instrumentalisation de la thèse apocalyptique pour mieux assurer son emprise sur les membres du groupe  ;
  • les dangers liés à une volonté de déstabilisation des valeurs démocratiques et des fondements de la société.
Les dangers liés à la doctrine apocalyptique ou millénariste elle-même, lorsqu’elle devient l’axe central de la croyance du groupe :
La peur joue un rôle important pour ne pas dire fondamental lors de la naissance de telles psychoses ou d’angoisses collectives au sein de ces groupes.
C’est sans doute ainsi que la doctrine apocalyptique sert le plus souvent de catalyseur, car elle va véhiculer l’idée de fin prochaine et inéluctable. Cette peur sera d’autant plus angoissante que la fin sera prévue à brève échéance.
Un extrait du rapport résonne particulièrement juste en regard des récents événements liés au 21 mai 2011 et aux prédictions ratées de Harold Camping :
Selon Jacky Cordonnier, «  après la non-survenance de prophéties cataclysmiques annoncées, un processus particulier en cinq points peut se mettre en place :
  1. une courte période de déception générale  ;
  2. un réexamen des textes sur lesquels on se fondait et la découverte que quelque chose s’est effectivement produit mais reste invisible pour la plupart des personnes non initiées ou insuffisamment préparées et formées  ;
  3. la reprise des portions de prédictions ratées pour les faire entrer dans le nouveau schéma de la prochaine prophétie  ;
  4. une insistance sur les catastrophes et problèmes du monde présent pour montrer que le groupe a toujours raison d’annoncer la fin du monde pour bientôt. Les textes écrits avant la prédiction sont alors modifiés pour les faire correspondre à la réalité  ;
  5. l’erreur devient même une raison supplémentaire de croire, car c’est le signe patent que le dieu, le messie ou le maître vient d’accorder un surcroît de vérité
Les dangers liés à la personnalité paranoïaque du leader charismatique du groupe :
Selon certains auteurs,  » il n’y a pas de gourou sans paranoïa. Ce serait ainsi cette psychose qui lui donnerait le sentiment d’être différent du reste de l’humanité ; c’est cette paranoïa qui va lui donner la conviction qu’il aura un rôle de leader et de guide à jouer »
Les dangers liés à l’instrumentalisation de la thèse apocalyptique pour mieux assurer son emprise sur les membres du groupe :
… Un groupe réputé ou affiché comme apocalyptique peut très bien ne jamais passer à l’acte, c’est-à-dire s’autodétruire, alors qu’un groupe qui n’aborde jamais la dimension de la parousie peut très bien sombrer du jour au lendemain dans le chaos.
Cette partie (ainsi que la suivante), recense de nombreux exemples de groupes sectaires apocalyptiques dont la-fin-du-monde.fr à put traiter par le passé, citons par exemple : les illuminés de Penza de Pyotr Kuznetsov, la milice Hutaree, Agape Ministère de Dieu, Les adventistes de Waco, le drame au Guyana de la secte du Réverend Jones, Baba Vanga, Ysrayl Hawkins.
Le 4e chapitre, « La situation dans le monde« ,  constitue un document de référence de tout premier ordre, en effet la MIVILUDES a bénéficié de l’appui du réseau diplomatique français pour dresser un panorama mondial des menaces possibles de dérives sectaires en rapport avec « 2012″.
Cette partie fait tout d’abord ressortir la spécificité française de la MIVILUDES, peu de pays s’étant dotés de ce type d’institution, puis balaye ensuite les menaces de façon géographiques.
Le rapport est particulièrement sévère avec la Russie (les soulignés sont de la-fin-du-monde.fr) :
Les mouvements à caractère sectaire exploitant et suscitant les craintes apocalyptiques se nourrissent en effet de plusieurs terreaux aujourd’hui largement indépendants du « phénomène 2012  »
Le dérapage obscurantiste des religions établies constitue sans doute, pour la société russe, la première source de dangers.(…)
Aucun mouvement actuel ne s’inscrit aujourd’hui directement dans cet héritage. Il est toutefois indéniable que les succès des Témoins de Jéhovah – souvent estimés à 300  000 adeptes – relèvent d’un phénomène nouveau : l’existence de populations désorientées par la violente évolution mercantile d’une société postcommuniste où l’argent est roi et aux valeurs morales incertaines.(…)
Les autorités russes restent démunies et globalement peu efficaces dans la prévention des dérives sectaires.
Le dernier chapitre, La situation en France et les pistes de réflexion pour l’action préventive des pouvoirs publics, se concentre sur la France et propose des pistes de réflexion pour gérer « 2012″. Le panorama français est articulé autour de deux axes :
  • des grands mouvements structurés, souvent de taille internationale avec représentation française, dont la doctrine s’inspire des discours apocalyptiques avec fondements religieux ou new agistes et dont l’existence ou l’activité sont déjà connues des pouvoirs publics qui assurent à leur égard une veille permanente ;
  • des groupes de taille plus réduite, de création plus récente, beaucoup moins structurés, souvent regroupés autour d’un seul individu, inspiré, par croyance réelle ou par intérêt bien compris, par les discours de fin du monde, dont le caractère diffus sur l’ensemble du territoire et l’activité encore insuffisamment connue nécessitent une surveillance accrue des pouvoirs publics afin de mieux les répertorier et de mieux en prévenir les actions à risques.
Les grands mouvements déjà connus :

Les petits groupes épars :
  • Ascension? planétaire
  • Du? ciel? à? la? terre,
  • Golden Light Starseeds
Le rapport boucle ce panorama français en s’attardant sur le une véritable spécificité nationale, le pic de Bugarach, un des rares lieux dans le monde connu pour sa capacité à traverser 2012 sans encombre.
Il existe en effet des lieux qui, par leur localisation, l’histoire, les croyances ou les traditions, peuvent présenter un intérêt au regard des objectifs de ce rapport.
Le village de Bugarach semble être actuellement le point de rassemblement de nombreuses personnes, pour la plupart adeptes du New Age, persuadées que cette commune de l’Aude sera épargnée au moment du déclenchement de l’Apocalypse.
Plusieurs «  explications  » circulent autour de ce site  : puissante force magnétique, caractère ésotérique qui le fait surnommer «  la montagne sacrée  », existence mythique d’une vie souterraine, passage vers des mondes inconnus ou des civilisations disparues, abri d’une base extraterrestre, lieu d’enfouissement de l’Arche d’alliance, etc. De fait, cette commune n’intéresse pas uniquement les membres de différents groupes apocalyptiques ou survivalistes, mais également d’autres mouvances et plus particulièrement soucoupistes.
Toutes les hypothèses liées à la thèse apocalyptique sont développées par les «  adeptes  » du pic de Bugarach : tremblement de terre, raz-de-marée et cataclysmes en tous genres liés à l’inversion des pôles magnétiques, à l’intensité accrue de l’activité solaire, à la collision avec la planète Nibiru, etc.
Le site de Bugarach semble donc être un site à surveiller et ce plus particulièrement à l’approche de l’année 2012, notamment au regard de possibles troubles à l’ordre public constitués par d’importants rassemblements de personnes. Pour l’heure, c’est surtout à une exploitation mercantile des «  vertus  » du site qu’on assiste, y compris sur le plan immobilier et touristique. Mais l’organisation de stages, de conférences gratuites ou payantes et de visites des lieux par des groupes notamment inspirés par les idées New Age ne sont pas à négliger, devant le risque potentiel de mise sous emprise des personnes ou simplement d’escroqueries organisées de manière opportune en référence au caractère mystique des lieux.
En conclusion, la MIVILUDES propose  » un certain nombre d’indices permettant de détecter l’existence d’un groupe à tendance millénariste ou apocalyptique potentiellement dangereux, voire, dans les cas extrêmes, de déceler la manifestation de signes avant-coureurs de passages à l’acte criminels ou d’une propension accrue du groupe à l’exercice de la violence » (les soulignés sont de la-fin-du-monde.fr).
concernant les doctrines utilisées :
  • existence d’une dialectique, d’une sémantique particulière liée au discours apocalyptique, millénariste ou messianique (…)
  • existence d’un discours valorisant des types de croyances postmillénaristes, c’est-à-dire cherchant à provoquer la fin du monde plutôt que des thèses prémillénaristes s’en remettant à une intervention divine pour changer les temps (cf. infra)  ;
  • développement d’une doctrine exclusive et excluante, par une vision dualiste et paranoïaque de la société : affirmation dans le groupe et au milieu des adeptes d’un même sentiment d’appartenance au petit nombre de ceux qui seront «  les seuls sauvés  ». Les membres du groupe sectaire seraient les « bons  », les «  élus  » détenant la seule vérité, le reste de la société étant confiné au rôle de « méchants  », se trouvant dans l’«  erreur  », et qu’il faudrait au mieux éviter, au pis combattre  ;
  • existence d’une doctrine rejetant les autorités savantes et diabolisant ou réinterprétant les grands préceptes des grandes religions  ;
  • présence d’une doctrine remettant en question le réel de la société par une réinterprétation systématique des événements du monde (…)
  • lorsqu’une collectivité se croyant investie d’une mission divine, salvatrice ou de prosélytisme auprès des autres, axée sur des prophéties de fin du monde, va développer un sentiment de peur qui va se communiquer par contagion à toute la collectivité.
concernant le mode de fonctionnement interne du groupe :
  • lorsque le groupe est conduit par une personnalité charismatique forte, avec un fort  ego ou non mais développant alors, en contrepartie, une ascendance naturelle sur les autres membres (…)
  • lorsque le groupe a établi une hiérarchie stricte et centralisée de type patriarcal (ou non) au sein d’une communauté dominée par un leader charismatique auquel les adeptes vouent un véritable culte de la personnalité ;
  • lorsqu’il y a un rapport de totale dépendance ou lorsque le leader appelle à une obéissance aveugle, quelles que soient les conséquences pour les membres du groupe (…)
  • inversement, lorsque, malgré ces principes, surviennent dans les faits une lutte interne pour la direction du groupe, des remises en question des règles de fonctionnement (cf. cas de l’OTS)  ;
  • lorsque les activités d’un mouvement sont réalisées dans le dessein d’exploiter la personne, de la fatiguer et de lui ôter toute capacité de discernement ;
  • lorsque se développe un mode de vie groupal de nature «  sectaire  », induisant une modification radicale voulue et recherchée de l’existence (…).
concernant les rapports du groupe avec l’extérieur :
  • développement d’un discours de diabolisation et de rejet du monde extérieur (…).
  • affirmation d’un prosélytisme extrême avec troubles à l’ordre public  ;
  • ou, à l’inverse, fermeture totale du groupe sur lui-même et vie en autarcie complète (…).
  • existence d’une certaine forme d’isolement social et familial, parfois professionnel également (…).
  • acceptation de n’avoir plus aucun contact avec l’extérieur (TV, radio, Internet, presse…)  ;
  • développement d’un sentiment de persécution par le monde extérieur et la société environnante.
concernant une réactivité exacerbée à l’égard de phénomènes extérieurs :
  • perception de façon « humiliante  » ou agressive par le groupe de situations inattendues ou d’événements extérieurs : par exemple dans le cas d’une prophétie de type apocalyptique non réalisée  (…)
  • réinstallation à la campagne : (…)
  • manifestation d’une dimension d’« hystérie collective  »  (…)
concernant des actes préparatoires flagrants :
  • connaissance ou manifestations visibles de consignes données en interne pour réaliser des réserves de survie (…), achats d’armes, construction de « bunkers  » et d’abris souterrains…  ;
  • endettement anormal des adeptes pouvant survenir par la nécessité de réaliser tous ces achats  (…)
  • intensification des activités illégales  (…)
  • propos de la part du groupe et de son leader de plus en plus violents ou de plus en plus prophétiques. (…)
  • à l’identique, l’énonciation de promesses de «  résolution de tous les problèmes avec un nouveau départ  », de « nouveau monde  », de « nouvel âge  », de «  voyage astral  », d’«  ascension  » sur des blogs, sites sociaux et sites Internet de mouvements doit attirer l’attention. L’emploi de ces termes bien précis, lourds de signification, peut indiquer qu’un groupe a atteint le seuil de «  ferveur  » critique et qu’il est prêt à passer de la parole aux actes.

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