Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

mardi 6 septembre 2011

Une vision qui sauve la vie



Aron Ralston est cet américain de 27 ans qui s’était coincé la main sous un rocher alors qu’il effectuait une randonnée, seul, dans le centre de l’Utah, en avril 2003. Retour sur une vision qui lui a sauvé la vie.

Tombé au fond d’un canyon, la main écrasée sous un rocher d’une demi tonne, ne disposant au moment de sa chute que d’un litre d’eau et de deux burritos, Aron sait pertinemment qu’il n’y a aucun espoir que des secours parviennent à le localiser. Avec une énergie décuplée, il va tenter sans succès de soulever le bloc de pierre, puis il entreprend de le tailler à l’aide d’un petit couteau. Ses efforts donnent des résultats dérisoires, et Aron glisse lentement dans une forme de stupeur : il va mourir là ! Les heures, puis les jours s’égrainent, il s’affaiblit, bientôt il n’a plus d’eau. Son esprit devient incapable de se concentrer, il voit des formes : « Je commence par voir mes amis, mais ils sont transparents, des fantômes qui habitent temporairement le canyon avec moi ».

Puis les hallucinations deviennent plus intenses. Parfois, elles l’emportent totalement, il se voit sortir du canyon par une porte apparue dans la paroi, arriver dans une maison et y retrouver ses amis : « Cet exil mental est un lieu plus abstrait que ma conscience habituelle, mais ce n’est pas non plus un univers de rêve. Je ne sais comment, mais mon corps reste dans le canyon tout en voyageant vers d’autres univers. » Cela fait près de 4 jours qu’il est coincé quand Aron vit cette expérience dans laquelle il a le sentiment de passer plusieurs minutes hors de son corps. C’est durant cette journée qu’il se résigne à l’idée qu’il ne survivra pas à une 5e nuit. Il lâche prise, cesse de lutter, et réalise que l’idée de mourir ne le révolte plus : « Je ressens un sentiment de légèreté qui approche du bonheur parfait ». C’est dans cet état qu’il glisse dans une nouvelle hallucination : « Les couleurs explosent dans ma tête, je traverse les parois du canyon. Cette fois, je suis seul et j’entre dans un petit salon. Un petit garçon blond de trois ans habillé d’un polo rouge arrive, traverse en courant un parquet illuminé de soleil. Je sais que je suis dans ma future maison. Par la même intuition, je sais que cet enfant est le mien. Je me penche pour le prendre avec mon bras gauche, me servant de mon bras droit sans main pour le balancer et nous rions ensemble quand je le passe sur mes épaules. Cette action tranche curieusement avec mes rêves précédents ; avant, j’étais comme envoûté et je ne pouvais pas interagir avec les autres. Maintenant je participe à l’action (…) Soudain, la vision disparaît. Me voilà de retour dans le canyon, les échos de ce moment joyeux résonnent encore dans ma tête. Mais je suis rassuré, mon subconscient me dit que je survivrai à cet emprisonnement. (…) Cette certitude, ce petit garçon bouleversent mes perspectives. » La certitude de survivre est subitement d’une telle intensité qu’Aron va y puiser la force, après 127 heures de captivité, totalement épuisé et déshydraté, de se couper le bras ; c’est grâce à cela qu’il est en vie aujourd’hui. Depuis 2010 Aron est papa d’un petit Léo.

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