Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

samedi 12 novembre 2011

Viande in vitro

La viande de demain ?
Une assiettée de boîtes de Pétri à dîner, arrivée imminente de viande in vitro
Londres (Reuters) – Des scientifiques sont en train de nous concocter de nouvelles manières de satisfaire un appétit mondial pour la viande toujours croissant.

“De la viande cultivée” – des steaks ou saucisses élevés en laboratoire dans des boîtes de Pétri qui remplacent la viande de boucherie – pourrait être la réponse pour sauver le monde, sauver l'environnement et épargner la vie de millions d'animaux, nous disent-ils.
D'accord, ce n'est pas fait, et peut demander du temps avant que ça prenne. Et ce ne sera pas bon marché.
Le premier hamburger élevé en laboratoire coûtera environ 250.000 € à produire, selon Mark Post, un biologiste vasculaire de l'université de Maastricht aux Pays-Bas, qui espère nous dévoiler bientôt un mets aussi raffiné.
Des experts disent que le potentiel de cette viande pourrait être énorme pour sauvegarder la vie animale, les terres, l'eau, l'énergie et la planète elle-même.
''Le premier(hamburger) sera la preuve du concept, juste pour montrer que c'est possible.'' A déclaré Post au cours d'une interview téléphonique depuis son laboratoire néerlandais. '' Je pense pouvoir y arriver au cours de l'année à venir.''
Cela peut ressembler à une sorte d'imitation, mais la viande in vitro ou cultivée est une vraie viande, elle n'a simplement jamais fait partie d'un animal entier, vivant – très différent d'une imitation de viande ou de substituts pour végétariens faits de protéines végétales comme le soja.

CELLULES SOUCHES
Des cellules souches sont récupérées sur des restes de matériel animal dans les abattoirs. Post les élève avec un mélange de sucres, amino-acides, lipides, minéraux et tous les autres nutriments nécessaires à une croissance correcte.
Il a produit jusqu'à présent des bandes blanchâtres ressemblant à du muscle, chacune faisant environ 2,5cm de long, moins de 1 cm d'épaisseur et si fin qu'on voit le jour à travers.
Empilez suffisamment de ces bandes ensemble – probablement environ 3000 – ajoutez quelques bandes de graisse élevée en laboratoire et vous aurez le premier steak de viande cultivée au monde, dit-il.
“Ce tout premier steak sera fabriqué dans un laboratoire universitaire, par une équipe universitaire très entraînée”. ''C’est fait manuellement et c’est beaucoup de temps et de travail, voilà pourquoi c’est si cher à produire.''
Sans parler que ce n’est pas vraiment appétissant. Comme la viande in vitro de Post ne contient pas de sang, elle est bien pâlotte. En ce moment elle ressemble un peu à une escalope, dit-il.
Comme tout muscle, ces bandes élevées en labo ont aussi besoin de faire de l'exercice pour pouvoir grandir et se renforcer sinon elles dépérissent. A cet effet, Post utilise la tendance naturelle des muscles à se contracter et les étire entre des languettes dans les boîtes de Pétri pour leur fournir une résistance et les aider à acquérir de la force.
Les partisans de l'idée d'une viande artificielle, comme Stellan Wellin, un bioéthicien de l'université suédoise de Linkoping, disent que ce n'est pas moins séduisant que la viande de boucherie produite intensivement dans des élevages-usines où on utilise couramment des hormones de croissance et des antibiotiques pour augmenter le rendement et les profits.
Et la production de viande conventionnelle est aussi notoirement aberrante. Pour 15 grammes de viande comestible, il faut nourrir les animaux avec environ 100 grammes de protéines végétales, équation de plus en plus non viable.
Tout cela pour dire que la découverte de nouvelles voies de production de viande est essentielle si nous devons alimenter l'énorme et toujours croissante demande mondiale, a déclaré Wellin au cours de l'interview.

NON VIABLE
''Bien sûr c'est possible d'y arriver en devenant végétarien ou en mangeant moins de viande. Mais la tendance ne semble pas aller en ce sens. Avec la viande cultivée, nous pouvons rester dans la tradition – les gens peuvent continuer à manger de la viande, mais sans causer autant de dommages.''
Selon l'Organisation mondiale de la santé, la production annuelle de viande est prévue de s'accroître en passant de 218 millions de tonnes en 1997-1999 à 376 millions de tonnes en 2030 et la demande d'une population mondiale en augmentation n'arrangera pas les choses.
''La production de viande d'élevage est tout simplement non viable.'' dit Post. ''Non d'un point de vue écologique ni du point de vue du volume. Actuellement nous utilisons plus de 50% de toutes les terres cultivées pour la viande de boucherie.
''Ce ne sont que de simples mathématiques. Nous devons trouver des alternatives.''
Selon un rapport de 2006 de la FAO de l'Union européenne, l'agriculture industrielle contribue massivement au changement climatique, à la pollution de l'air, à la dégradation des sols, à la consommation d'énergie, à la déforestation et au déclin de la biodiversité.
Le rapport, intitulé 'L'avenir sombre de l'élevage', disait que l'industrie de la viande contribue pour 18% aux émissions de gaz à effet de serre, et cette proportion devrait augmenter, car les consommateurs des pays à expansion rapide comme la Chine et l'Inde mangent davantage de viande.
Hanna Tuomisto, qui a fait des études sur les impacts environnementaux de divers types de viande, agneau, porc, bœuf et viande cultivée, a dit que l'équipe d'éleveurs en laboratoire a de loin l'impact le plus faible sur l'environnement.
Son analyse, publiée en début d'année dans le journal Science et technologie de l'Environnement, montre que faire pousser nos viandes préférées in vitro consommerait entre 35 et 60 % d'énergie en moins, émettrait 80 à 95 % de gaz à effet de serre en moins et utiliserait 98 % de terres en moins que de la viande animale produite en conventionnel.
''Nous ne disons pas que nous pourrons ou voudrons remplacer nécessairement la viande conventionnelle par sa contrepartie cultivée, a déclaré Tuomisto au téléphone.
Mais elle a dit que la viande cultivée ''pourrait faire partie d'une solution pour nourrir une population mondiale en augmentation et en même temps stopper les émissions et préserver aussi bien l'énergie que l'eau.''

SAVOUREUX ?
Alors que les experts dans le domaine sont d'accord avec depuis plusieurs années, il s'avère possible de produire in vitro de la viande transformée – comme des saucisses ou des ''nuggets'' de poulet – mais produire d'autres gammes comme des côtelettes de porc ou des steaks pourrait être beaucoup plus complexe et prendrait encore de nombreuses années pour se développer.
Post, financé par un bailleur de fonds privé anonyme qui s'est engagé à voir réussir les scientifiques hollandais, espère donner au monde son premier hamburger artificiel en août ou septembre de l'année prochaine, mais pour le moment il admet que ce qu'il a cultivé a un long chemin à parcourir avant de mettre l'eau à la bouche.
Il n'a pas encore testé sa propre création, mais la critique n'est pas géniale. Un journaliste de TV russe qui est venu à son laboratoire a essayé une bande et n'a pas été convaincu.
''Ce n'est pas vraiment savoureux,'' a dit Post. ''Ce n'est pas anodin et a besoin d'être travaillé.''
Mais avec les justes quantités et types de graisse, peut-être aussi un peu de sang cultivé au laboratoire donnera de la couleur et du fer. Post est confiant dans la fabrication de viande en boîtes de Pétri qui peut ressembler et avoir un goût aussi bon que la vraie viande.
Il espère aussi que la capacité d'améliorer et changer des choses signifiera que des scientifiques pourront finalement fabriquer une viande plus saine – avec moins de graisse saturée et plus de graisses polyinsaturées, par exemple, ou plus de nutriments.
''L'idée est que depuis que nous la produisons dans un laboratoire, nous pouvons jouer avec toutes ces variables et espérer réellement la transformer en un produit carné plus sain. Bœuf ou cochon, on n'a que très peu de variables à notre disposition.''
($1 = 0.727 Euros)
(Editévpar Sonya Hepinstall)
SOURCE

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