Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

lundi 10 juin 2013

Big Obama : plus fort qu’Orwell

 


big-brother-obamaParce qu’il a la peau plus foncée que ses prédécesseurs, le monde a pensé que Barack Obama avait les quatre pieds blancs. Par un syllogisme cher à notre époque, il fut établi d’emblée que les Noirs étant des victimes et les victimes étant des saints, le nouveau président des États-Unis serait un saint. C’est d’ailleurs pourquoi on lui offrit, à peine installé, le prix Nobel de la paix. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, dit le sage.
Ainsi, par le miracle de sa carnation aux reflets café au lait, son nez joliment calibré et ses lèvres point trop charnues, Barack Hussein Obama descendit sur l’Amérique dans sa super-combinaison de super-héros. Après le règne belliqueux du « born again » George W. Bush qui avait envoyé ses légions du bien à l’assaut des forces du mal, le messie cosmoplanétaire venait accomplir la parousie.
François Hollande, qu’on n’imagine guère en combinaison de super-héros, nous avait promis la normalité. Obama, lui, assura qu’il allait « faire de son administration le gouvernement le plus transparent de l’Histoire ». Naïfs, ses administrés ont cru qu’il parlait de l’action gouvernementale. Grossière erreur : c’est de leur vie et de la nôtre qu’il s’agissait.
On le sait un peu, les Américains sont généralement mal informés par des médias qui lavent, blanchissent, édulcorent tout ce qui pourrait troubler l’image de leur puissance absolue. L’Amérique éternelle est propre et victorieuse. De temps à autre, un scandale vient crever comme une bulle de méthane à la surface du marigot : révélations sur les « sites noirs » de la CIA où l’on sous-traite la torture à l’étranger pour ne pas se salir les mains chez soi ; grève de la faim des prisonniers de Guantánamo qui croupissent là depuis des années sans chef d’accusation, sans procès, sans jugement.
Le dernier scandale du jour nous touche tous. Le Washington Post, contacté par un ancien employé du Renseignement qui a fourni les documents prouvant ses dires, a révélé que la NSA (National Security Agency) et le FBI (Federal Bureau of Investigation) ont aujourd’hui accès à toutes les informations (mails, chats, vidéos, photos, données stockées, vidéoconférences, logins) en circulation sur les réseaux sociaux. Skype (dont les communications peuvent être espionnées en direct), AOL, YouTube, Apple et Paltalk seraient également dans le circuit de la collecte de données. Les deux agences ayant aussi le nez dans le nuage, la plateforme d’hébergement de fichiers Dropbox devrait bientôt rejoindre la liste. Le quotidien a également révélé aux Américains le partenariat qui lie l’opérateur de téléphonie Verizon, désormais contraint de fournir à l’État les relevés de ses clients.
Pour rassurer les utilisateurs, Google a affirmé qu’il faisait « très attention à la sécurité des données de [ses] utilisateurs », ajoutant : « Nous ne divulguons de données à l’État fédéral qu’en accord avec la loi, et nous examinons ces demandes avec attention. ». Reste que la loi n’est autre que le fameux Patriot Act, voté sous George W. Bush et renouvelé et promulgué par Barack Obama en décembre dernier. C’est ce qui permet à la NSA de se connecter aux serveurs des entreprises, via un portail gouvernemental, pour consulter des informations sur des utilisateurs « dont il existerait des éléments permettant de penser « raisonnablement » qu’ils sont à l’étranger, le tout sans ordonnance de justice », dit le quotidien.
En fait, Obama n’a cessé de mentir. Il n’a rien renié des agissements de son prédécesseur, il a simplement changé de méthode. Fait en sorte que tout cela se passe désormais hors de la vue des peuples.
Rien de changé, comme on vient de le dire, à Guantánamo où l’on détient des gens de tous âges au mépris du droit et de toutes les conventions internationales. Et si le président des États-Unis a bien retiré ses troupes au sol d’Irak et maintenant d’Afghanistan, c’est pour mieux se lancer dans la guerre des drones, ces engins de mort précis et efficaces qui permettent le « nettoyage » en vidéo et aux heures de bureau. Ainsi, chaque semaine, le staff antiterroriste se réunit autour du Président pour « les mardis de la Maison-Blanche ». Entre le thé et les fours secs, Barack Obama « examine lui-même chaque projet de liquidation », écrivait le New York Times il y a quelques mois. « Il soumet à son feu vert toutes les frappes proposées au Yémen et en Somalie ainsi que celles menées au Pakistan. » Et comme c’est un cœur pur, Nobel de la paix à titre préventif, ne l’oublions pas, « il s’enquiert avec insistance des possibles dommages collatéraux ».
À ce jour, la guerre des drones menée en représailles des attentats du World Trade Center (3.000 victimes) a fait environ 5.000 morts officiels, dont une proportion importante de civils innocents. Au Pakistan (310 frappes sous l’ère Obama contre 52 sous l’ère Bush), c’est plus de 30 % de « dégâts collatéraux ». Soit autant de motifs, pour tous ces gens du bout du monde, de haïr l’Amérique et avec elle tout l’Occident.
Les grandes oreilles de la NSA nous écoutent depuis Fort Meade, base militaire proche de Washington. La loi n’autorisant que l’espionnage tous azimuts des étrangers, les techniciens « doivent entrer des sélecteurs, ou mots-clé de recherche, de façon à ce que la probabilité que la cible soit étrangère dépasse 51 % ». Les drones, eux, sont guidés depuis le désert du Nevada. De là on assassine, console en main, des individus dont la probabilité qu’ils soient des talibans n’excède sans doute pas, là encore, les 51 %.
Résultat ? Deux jeunes élus du rêve américain nourris au milkshake posent leurs bombes en plein marathon de Boston. En toute tranquillité.
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