Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

mardi 18 juin 2013

La ménopause, ce serait la faute des hommes


Troubles de l’humeur, maux de tête et surtout perte de la fertilité. La ménopause est une épreuve amère pour beaucoup de femmes. Mais des chercheurs canadiens suggèrent de nouveaux suspects derrière ce processus quasi-unique dans la nature : les hommes, et leur préférence pour les femmes jeunes.

Si l’on recherche le
propre de l’Homme, on pourrait presque s’intéresser à la ménopause, qui ne concerne d’ailleurs que les femmes. Seules deux autres espèces vivantes connaissent ce même processus dans leur milieu naturel : le globicéphale (ou baleine pilote) et l’orque. Quelques chimpanzés en captivité l’ont aussi manifesté.

Différentes théories essaient d’expliquer ce phénomène rare, parmi lesquelles l’intérêt de la grand-mère pour favoriser les petits-enfants ou pour éviter que le conflit entre la
belle-fille et la belle-mère ne s’envenime davantage. Pourtant, à en croire des chercheurs canadiens de l’université McMaster, les hommes pourraient être responsables. Comment ? Parce qu’ils sont attirés par les jeunes femmes !

Le contexte : la ménopause expliquée par grand-mère

Le mystère autour de l’apparition d’une période d’
infertilité définitive chez la femme autour de la cinquantaine intrigue la communauté scientifique. D’un point de vue évolutif, cette notion paraît paradoxale : pourquoi ne plus pouvoir faire d’enfants alors que la sélection naturelle favorise la reproduction de l’individu et la survie de ses descendants ? 

L'une des hypothèses expliquant la ménopause est celle dite de la grand-mère, qui a plus intérêt à s'occuper de ses petits-enfants que d'essayer d'en avoir à un âge avancé. Mais cette théorie ne fait pas l'unanimité et les chercheurs ayant dirigé une étude récente suggèrent que c'est la préférence des hommes pour les femmes jeunes qui est derrière tout ça. © photos.jasondunn.com, cc by nc nd 2.5
Il existe peut-être une dizaine d’hypothèses tentant d’apporter des réponses convaincantes. Celle qui est la plus en vogue dans le milieu est dite de la grand-mère. En donnant la vie à un âge trop avancé, les risques de mortalité en couches sont plus élevés. D’autre part, la mère pourrait mourir avant que ses enfants ne deviennent indépendants. Dans ce cas, devenir infertile pourrait permettre à une grand-mère de focaliser son attention sur ses petits-enfants, augmentant alors leur propre chance de survie, ce qui lui garantit une descendance plus nombreuse.

Mais cette théorie ne convainc pas Rama Singh et ses collègues de l’université McMaster. De leur côté, ces chercheurs canadiens ont une nouvelle piste qu’ils ont explorée et argumentée dans
Plos Computational Biology. Selon eux, il existe une autre force de sélection : les hommes. Parce qu'ils préfèrent, de tous temps, s’apparier avec des jeunes femmes, des mutations se seraient accumulées peu à peu au cours de l’histoire humaine, réduisant la période de fertilité féminine à une quarantaine d’années, puisqu’au-delà elle n’est pas nécessaire.

L’étude : les goûts des hommes affectent la fertilité des femmes

Ces scientifiques ont alors construit un modèle informatique de manière à simuler ce qui pourrait se produire dans la nature pour la
fertilité des femmes si les hommes venaient à sélectionner uniquement les plus jeunes d’entre elles pour la reproduction. Ils montrent en effet que des mutations peuvent s’accumuler de générations en générations abaissant progressivement l’aptitude des femmes âgées à engendrer une descendance, jusqu’à finalement aboutir à la ménopause.

Concrètement, selon les auteurs, cela pourrait signifier qu’il y a 30.000 ans, toutes les femmes étaient potentiellement fertiles tout au long de leur vie. Des mutations faisant baisser la fertilité de la gent féminine à un âge avancé n’auraient pas eu d’
incidence directe sur leur reproduction, puisque les hommes se détournaient d’elles. À terme, ces mutations se seraient transmises à toutes les femmes, qui seraient toutes touchées aujourd’hui par la ménopause.

La
sélection naturelle favorise les individus au plus fort succès reproducteur. Dans ce cas, ce sont les jeunes femmes. Ce qu’il advient des plus âgées n’a guère d’importance, selon ce modèle.

L’œil extérieur : le mystère de la ménopause reste entier

Cette recherche ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique spécialisée. Sur la
BBC, Maxwell Burton-Chellew, de l’université d’Oxford, se demande par exemple si le problème n’est pas pris à l’envers. Car pour lui, les hommes préfèrent s’accoupler avec les femmes jeunes justement parce qu’elles sont les plus fertiles. La question de savoir qui de l’œuf ou de la poule était là le premier reste posée.

Un autre critère intrigue Lynette Leidy Sievert, de l’université du Massachusetts, dans les colonnes du journal
US News. Si aujourd’hui vivre une cinquantaine d’années, l’âge moyen de la ménopause pour une femme, est chose banale, cela n’a pas toujours été le cas dans l’histoire humaine. Par exemple, la chercheuse précise que seuls 10 % des Hommes de Néandertal passaient ce seuil, et qu’à une époque, seuls 17 % de nos ancêtres franchissaient les 40 ans. L’intérêt de pouvoir se reproduire au-delà de 50 ans s’avère nettement limité, et les mutations permettant la fertilité jusqu’à 80 ans n’ont probablement pas été sélectionnées. Il pourrait en être de même chez les chimpanzés d’ailleurs. En 2009 dans l’American Journal of Primatology, des scientifiques ont montré que lorsque nos cousins vivaient plus longtemps, les guenons finissaient également par devenir stériles.

Cette étude apporte donc un nouvel élément de réflexion à cette vaste question qui interpelle les chercheurs, mais ne fournit pas encore les éléments nécessaires pour mettre un terme à ce débat. Rama Singh et ses collègues vont tenter à l’avenir de creuser davantage leur hypothèse afin de lui donner encore plus de crédit. Le
mystère de la ménopause pourrait donc connaître encore quelques rebondissements.source

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