Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

dimanche 2 juin 2013

Nos terres agricoles acquises par des étrangers, un mythe!

«Nos terres agricoles sont toutes en train d’être achetées par des étrangers.» Voilà ce que plusieurs intervenants ont affirmé au cours des dernières années.


Or, selon Jean-Philippe Meloche, professeur adjoint à l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal, «on est très loin de ce phénomène au Québec». Chercheur associé au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, M. Meloche vient de publier, avec son partenaire Guy Debailleul, de l'Université Laval, un rapport intitulé «Acquisition des terres agricoles par des non-agriculteurs», qui déboulonne plusieurs mythes au sujet de cette question émotive.

«Tout le monde parle de Chinois qui débarquent ici pour acheter nos terres. Or, j'en cherche encore des Chinois à la campagne», ironise M. Meloche dans le bulletin Forum de l’Université de Montréal.

ll y a quelques années, une entreprise québécoise a fait l'acquisition de 5000 hectares de terre dans la région du Lac-Saint-Jean. Cette incursion d'un établissement financier dans le monde agricole a créé un émoi dans l’industrie, l'Union des producteurs agricoles craignant que des intérêts financiers, québécois ou étrangers, accaparent massivement nos terres cultivables au détriment des propriétaires-exploitants.

Selon ce rapport, commandé par l'ancien ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec Pierre Corbeil, les terres agricoles de la province appartiennent encore aux agriculteurs dans une proportion de 84 %. C'est un taux nettement plus élevé que dans la plupart des pays européens, ainsi qu'aux États-Unis et dans les autres provinces canadiennes.

Quant aux investisseurs non agricoles, ils ne détiennent que 2 % des terres québécoises. «On est loin d'une prise de contrôle de nos terres par les financiers», dit M. Meloche.

Le Québec épargné pour plusieurs raisons
Le Québec serait donc épargné par le phénomène de l'accaparement des terres par des non-producteurs qui touche fortement l'Afrique depuis 2008. Sur ce continent, les investisseurs considèrent que les terres fertiles sont non exploitées ou sous-exploitées. Donc, leur potentiel de rendement est haut à moyen et long terme.

Toutefois, la situation du Québec ne se compare absolument pas à celle de l'Afrique. Ici, les terres fournissent déjà leur plein rendement, dans un climat moins favorable. De plus, le contexte législatif québécois constitue un frein pour les capitaux étrangers.

«Même si les Chinois veulent nos terres, ils ne peuvent les acquérir, car la Loi sur l'acquisition de terres agricoles par des non-résidants empêche l'achat de terres cultivables par des non-Québécois», mentionne le chercheur.

Oui, il existe des fonds québécois qui misent sur l'acquisition de terres fertiles, mais M. Meloche, économiste de formation, ne comprend pas l'attitude hostile du milieu agricole envers l'arrivée possible d'investisseurs.

«Toutes les branches de l'économie souhaitent l'apport de nouveaux capitaux. Ça veut dire que le secteur a du potentiel. Or, dans le monde agricole, c'est tout le contraire. Les investisseurs sont considérés comme des bêtes noires. On évoque plusieurs risques liés à leur présence, mais on n'arrive pas à les démontrer», déclare-t-il.

M. Meloche voit plusieurs points positifs à une plus grande part d'investisseurs en agriculture. «La valeur des fermes a tellement bondi au cours des dernières années que la relève n'arrive pas à les acquérir, faute de moyens. Mais des investisseurs pourraient les louer à des jeunes. Ça pourrait être une bonne façon, pour eux, de commencer leur carrière», donne-t-il en exemple.
source

Aucun commentaire: