Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

lundi 29 juillet 2013

Les Champs-Elysées colonisés par des milliardaires du Golfe qui ne savent que faire de leur argent

Les premiers seront les derniers....
Comme chaque été, ce riche Saoudien a ses habitudes. Il loue une suite au Bristol, au 112, rue du Faubourg-Saint- Honoré, à cinq mille euros la nuit, pour une semaine, parfois deux, voire un mois entier. Dans ce palace, il se sent comme un coq en pâte. Le cadre est luxueux, le personnel aux petits soins, et il se situe un peu à l’écart de l’agitation du quartier, ce qui arrange notre client.

Chaque jour, l’homme se lève aux alentours de midi, mange l’équivalent d’une vache charolaise, puis rejoint l’avenue des Champs-Élysées et s’installe à la terrasse du Deauville, le QG de bon nombre de touristes venus du golfe Persique. À l’image de la majorité des sept cent mille visiteurs originaires de cette région qui se rendent à Paris chaque année, l’homme s’en tient là. Les Champs, l’avenue Montaigne, la place de l’Étoile… et basta ! Pas question d’aller écouter un opéra, visiter un musée, et encore moins flâner sur les bords de Seine. Non. Sa suite, son chauffeur et sa terrasse du 75 de la plus belle avenue du monde lui suffisent amplement. Le milliardaire saoudien a tout prévu, ou presque…

Pour aller aux toilettes du Deauville, le client doit passer par un couloir particulièrement étroit, et le « malheureux » pèse près de deux cents kilos ! Que faire ? Changer d’établissement ? Jamais de la vie ! C’est ici que ses copains du Golfe s’installent pour se montrer et regarder les jolies filles qui déambulent sur l’avenue, donc c’est ici qu’il passera ses vacances.

Choisir un hôtel plus proche, de façon à pouvoir rallier sa suite en cas de besoin ? Il ne l’envisage pas une seconde, car ce serait moins chic que de loger au Bristol ! Non, le nabab a une bien meilleure idée : garder sa suite et louer également une chambre au Marriott, au 70, avenue des Champs-Élysées, à seulement cent quarante mètres de sa terrasse favorite ! Et dès qu’il a envie d’aller au petit coin, plutôt que de s’écorcher un bourrelet, il dispose de ses toilettes (quatre étoiles) personnelles !

Le chauffeur n’en revient toujours pas. En cinq ans de carrière, c’est la première fois qu’il se voit confier une mission aussi saugrenue. Au volant de sa Lamborghini, comme chaque matin, il attend un jeune Qatari de quinze ans qui tarde à sortir de son hôtel.

Ce bolide, ses parents le louent mille cinq cents euros par jour pendant une semaine pour que le pauvre petit ne soit pas trop déboussolé, seul à Paris. Comme il a la même au pays, papa veut qu’il se sente comme chez lui ! Du côté passager de la voiture, ses parents ont même fait installer un écran avec un lecteur DVD pour que leur fiston regarde des films si jamais il venait à s’ennuyer. Pendant toutes les vacances de l’adolescent, le chauffeur est tenu de faire des allers-retours entre la place de la Concorde et le rond-point des Champs-Élysées. Toutes les après-midi, jour après jour, le trajet ne change pas d’un pouce.

Ah, si ! Un jour il l’a emmené à Eurodisney… Ces deux anecdotes ne représentent en fin de compte qu’un infime échantillon des caprices formulés chaque année par ces « drôles » de touristes dans le quartier des Champs-Élysées. Un prince saoudien qui débourse quinze mille euros pour privatiser un cinéma à trois heures du matin, une riche Qatarie qui loue une limousine juste pour stocker ses courses effectuées avenue Montaigne, ou encore des restaurants qui investissent dans des narguilés pour s’adapter aux plaisirs de leurs nouveaux habitués…

Rien n’est trop beau pour ces voyageurs venus du Moyen-Orient.

Un chauffeur professionnel ayant été employé par des conciergeries de luxe et des palaces parisiens témoigne : « Ils vivent sur une autre planète. Une fois, j’ai eu affaire à un spécimen qui voulait porter plainte contre ma société car la voiture qui l’attendait n’avait pas de vitres teintées ! Dans un autre genre, j’en ai eu un qui m’a demandé si la France ne prévoyait pas de faire construire une piste d’atterrissage à côté des Champs-Élysées, car ce serait plus pratique.

J’ai également été confronté à un gamin qui m’a proposé cinq mille euros en liquide pour que je ne dise pas à son père, qui était resté à l’hôtel, que je l’avais laissé se balader tout seul pendant trente minutes. Ils sont complètement déconnectés de la réalité. Ils passent leur temps à faire les beaux sur les Champs, à montrer qu’ils sont là, alors que tout le monde s’en moque. Et ils ont tellement d’argent, c’est fou. Ils achètent tout et n’importe quoi, pourvu que ça soit une marque prestigieuse. Chanel, Guerlain, Vuitton, et tout le reste. Quand ils entrent dans une boutique, ils choisissent même des produits totalement au hasard, juste histoire de ressortir avec des sacs pleins à craquer. C’est affligeant. »

Non content de l’arpenter, les milliardaires du Golfe commencent à s’offrir des petits bouts de la plus belle avenue du monde et de ses environs ! En juin 2012, le fonds d’investissement qatari, Qatar investment authority (QIA), s’offrait ainsi l’immeuble de 27 000 mètres carrés abritant les magasins Virgin et Monoprix, au 52-60, avenue des Champs-Elysées, pour plus de 500 millions d’euros.

Deux ans plus tôt, l’ancien siège de la banque HSBC, au 103 de l’avenue, passait aux mains qataries pour 440 millions d’euros. Quant au fonds souverain qatari, Qatar national hotel company, déjà propriétaire du Royal Monceau, avenue Hoche, il ouvrira prochainement un nouveau palace, Le Peninsula, avenue Kleber, annoncé en 2014. En outre, la banque centrale du Qatar possède la galerie commerciale Élysées 26, comprenant de nombreux bureaux et logements.

Les Saoudiens ne sont pas en reste. Depuis novembre 2010, l’Hôtel de Crillon, place de la Concorde, est la propriété de la famille royale. Coût de l’opération : 250 millions d’euros. L’hôtel George-V, situé sur l’avenue du même nom, fait partie d’une chaîne hôtelière tenue par la holding du petit-fils du roi Ibn Saoud, le fondateur de l’Arabie Saoudite. « À ce rythme-là, ils vont bien finir par la construire, leur piste d’atterrissage », conclut astucieusement notre chauffeur.

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