« Cela a commencé ici en Angleterre, il y a environ 250 ans. On appelle cela la transition démographique, et cela correspond au passage entre des sociétés majoritairement jeunes à des sociétés majoritairement vieilles. Il a fallu 150 ans à l’Europe pour effectuer cette transition, mais maintenant, dans le Sud, les pays connaitront la même transition dans environ 25 ans », a expliqué le Dr. Sarah Harper , une gérontologue britannique qui a fondé l’Institut du Vieillissement de la population d’Oxford, au cours d'un récent débat organisé par le New York Times.
D’après Harper, les démographes n'ont pas vu venir deux phénomènes qui ont changé la donne en matière de prévisions démographiques :
✔ Personne n’avait anticipé une chute aussi rapide et aussi brutale du taux de natalité en Europe mais aussi en Asie. La Corée du Sud, Singapour, l'Inde urbaine et la Malaisie ont maintenant des taux de fécondité inférieurs au seuil de renouvellement des générations de deux enfants par femme. D'une part c'est une bonne chose, car cela signifie que les prédictions apocalyptiques telles qu’une population mondiale de 24 milliards d’individus sur la planète ne se réaliseront pas, et que la population mondiale va se stabiliser à 10 ou 11 milliards d’individus. Mais cela signifie aussi que cette baisse de la fécondité est si rapide qu’elle peut avoir un effet domino sur notre économie.
✔ Personne n’avait vu non plus l'augmentation spectaculaire de notre espérance de vie. En 1850, la moitié de la population anglaise était morte à l’âge de 45 ans. Maintenant, la moitié de la population est encore vivante à 85 ans et nous pouvons extrapoler que bientôt, la moitié de la population sera encore vivante à 100 ans. « Ma fille est née en 1996 : il y a une bonne chance qu’elle connaisse le 22ème siècle», dit Harper.
Quelles seront les conséquences pour nos sociétés? Il y en a 4 principales :
✔ Le concept de l'héritage est remis en question. Que se passe-t-il en effet si l’on n’hérite plus de ses parents avant l’âge de 80 ans ?
✔ Notre vie professionnelle est appelée à changer. Sera-t-il encore possible à l'avenir de ne passer que quelques années à se former, une courte période à travailler, et plusieurs décennies à la retraite? Nous devrons changer la manière dont nous menons nos existences. « Mon père a pris sa retraite à l’âge de 54 ans. Il a maintenant 84 ans. Désormais, il a touché sa pension pendant plus longtemps qu’il n’a touché un salaire, et il en est très fier. Mais il n’est pas question que moi, ou mes sœurs, ou quiconque dans ma famille, ou la plupart d'entre vous, puissiez connaître ce type de pension ou être capable de prendre sa retraite à 54 ans », commente Harper.
✔ Le contrat entre les générations est mis sous pression. Dans la plupart des sociétés, la norme veut que l’on s’occupe de ses enfants, et que lorsque l’on devient vieux, ils s’occupent de nous. Mais nous nous dirigeons vers un monde où les personnes âgées qui ont eu moins d'enfants et vivent plus longtemps devront davantage s’assumer seules.
✔ Le quatrième défi est celui de la santé publique. Nous repoussons les limites de la mortalité, mais nous demeurons des mortels, et nous connaitrons tous la fin de vie. Les initiatives en matière de santé publique pour nous permettre de rester en bonne santé tout au long de notre vie seront de plus en plus nécessaires.
«Je pense que nos sociétés finiront par s'adapter. Je ne crois pas que les économies vont s’effondrer, mais il se pourrait que cela aboutisse à plus d’inégalité dans nos sociétés », conclut Harper.
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