Comprendre les émeutes au Royaume-Uni
Par Marie Simon, publié le 09/08/2011 à 13:14, mis à jour à 15:20
   Vitrines brisées, scènes de pillage, voitures incendiées... à Londres et dans d'autres villes du Royaume-Uni. 
REUTERS/Toby Melville
Après trois nuits successives de violences et de pillages à Londres, d'autres villes britanniques sont touchées et un homme a succombé à ses blessures. Mais que se passe-t-il chez Sa Majesté?
Qui est Mark Duggan?
Les premiers incidents ont  éclaté dans la nuit de samedi à dimanche dans le nord de Londres, après  une manifestation pacifique contre la mort de Mark Duggan. Ce père de  famille de 29 ans a été tué jeudi dernier, lors d'une opération des  forces de l'ordre contre la criminalité au sein de la communauté noire  du quartier multiethnique et déshérité de Tottenham.   		
   Capture d'écran du site du Guardian
Certaines informations de presse laissent entendre que les  forces de l'ordre auraient ouvert le feu sans avoir été attaquées. Une  balle reçue par un policier aurait ainsi été tirée par un autre policier, et pas par le jeune homme, sur lequel on a retrouvé une arme...  Les circonstances de ce décès sont suffisamment troubles pour que la  police et une commission de contrôle indépendante ouvrent une enquête.  Et présentent leurs excuses pour le manque d'informations, aux proches de Mark Duggan.  		
Ce dernier fait l'objet d'un portrait contrasté dans le Guardian.  Présenté comme un homme aimant et tranquille, qui éviterait toute  confrontation, il n'avait "rien d'un gangster", selon sa fiancée. Pour  elle, la presse ment quand elle le présente comme un trafiquant d'armes  et de drogues. Il aurait pourtant des liens avec l'un des groupes  criminels du nord de Londres, Star Gang, en conflit perpétuel avec des  bandes rivales, comme Broadwater Farm Posse ou Tottenham Mandem. Il  était en possession de munitions modifiées pour maximiser les dégâts causés, ajoute l'Independent.  		
Quelles sont les villes touchées?
Des  jeunes ont incendié des voitures de police, un bus et des bâtiments dans  la nuit de samedi à dimanche à Tottenham. Ces émeutes et les pillages  ont ensuite débordé dans d'autres quartiers de Londres, comme le montre cette carte complète du Telegraph,  dans la nuit de dimanche à lundi. Les rues d'Hackney à l'est, à Clapham  dans le sud, à Camden dans le nord et Ealing à l'ouest, ont aussi passé  une nuit mouvementée. Les images des incendies de bâtiments entiers à Croydon, dans le sud de la capitale, sont impressionnantes.  		
Vitrines brisées, scènes de pillage, voitures incendiées... Les images de Londres se répètent dans d'autres villes, dans la nuit de lundi à mardi: Birmingham, Liverpool, Bristol. Le Guardian liste les événements, magasin pillé par magasin pillé, dans une carte interactive.  		
Le mouvement va-t-il se poursuivre?
"Une nuit pluvieuse n'est jamais bonne pour une émeute", note l'Independent  alors que l'on annonce une dégradation de la météo au Royaume-Uni,  notamment pour jeudi... Mais un homme de 26 ans a succombé à ses  blessures, après avoir été touché par balle lundi dans le quartier de  Croydon, à Londres. Les esprits pourraient ne pas se calmer tout de  suite.  
		
Face au mouvement, le pouvoir britannique commence à se  mobiliser: le vice-Premier ministre Nick Clegg s'est rendu à Tottenham  ce lundi tandis que David Cameron a écourté ses vacances italiennes pour  rentrer d'urgence dans la capitale et convoquer une session  extraordinaire du Parlement ce jeudi. Le Premier ministre a aussi  annoncé un renfort de 10 000 policiers à Londres dès mardi soir.  		
Imitation ou embrasement social?
Scotland Yard dans la tourmente...
Des responsables communautaires de Tottenham estiment que la police a une responsabilité dans l'envenimement de la situation,  car elle aurait négligé des mises en garde dès samedi. Il faut dire que  ces nuits d'émeutes interviennent à un moment difficile pour Scotland  Yard, décapitée dans le cadre de l'affaire News of the World, soupçonnée  de corruption et alors que se profile le procès d'un policier accusé  d'homocide involontaire pour avoir violemment poussé un vendeur de  journaux, mort peu après d'une hémorragie abdominale, lors du G20 à  Londres en 2009.   				
La mort de Mark Duggan aura été "l'étincelle" qui a allumé les  violences britanniques, mais certains habitants estiment que la crise  économique et les coupes budgétaires qui affectent les quartiers  défavorisés sont le terreau de ce mouvement. En octobre 2010, le maire  conservateur de Londres, Boris Johnson, s'inquiétait d'ailleurs de voir  les populations les plus pauvres chassées du centre-ville vers les  banlieues par un phénomène d' "épuration sociale".  		
Colère, frustration, rébellion... Tout cela couvait, selon des experts cités dans la presse, pour qui les jeunes frappés par l'exclusion sociale n'ont "rien à perdre".  L'analyse fait débat, cependant. "Ce sont des opportunistes", décrète  Kit Malthouse, le maire-adjoint de Londres, sur la BBC. "Ce n'est en  rien de la protestation, c'est purement et simplement criminel. Les  politiques et les médias doivent veiller à ne pas trouver d'excuse pour  ce qui s'est passé."   		
... et des supporters privés de match
Le match amical Angleterre - Pays-Bas n'aura  pas lieu ce mercredi à Wembley. Plusieurs matches de Coupe de la Ligue,  prévus ce mardi soir, ont déjà été reportés, selon la liste dressée par  L'Equipe. Et déjà, Londres s'inquiète pour ses Jeux Olympiques, qui commencent dans un tout petit peu moins d'un an...  				
De fait, l'embrasement de Tottenham a pu inspirer des  "imitateurs" dans d'autres quartiers de Londres et d'autres villes,  suggère dans l'Independent un psychologue spécialiste des  émeutes. Le fait que les émeutiers pillent des biens électroniques, des  bijoux ou des vêtements n'est pas innocent pour lui : "Ce sont des biens  difficiles à obtenir en temps d'austérité". "Il ne s'agit pas d'excuser mais de comprendre ces actes, ajoute-t-il, pour mieux les prévenir plus tard."  		
Y a-t-il eu des précédents?
Après les émeutes des banlieues françaises en 2005, Tottenham était présenté comme un modèle, rappelle Rue 89. Un modèle d'intégration retrouvée après des années de troubles, notamment dans les années 1980. 1981, Brixton (voir la vidéo) et Liverpool sont touchés. 1985, Birmingham et Tottenham grondent...  		
S'agit-il du même phénomène? Oui et non. Le détonateur a presque toujours été le même: une altercation entre la police et la communauté noire, souligne l'Independent. Le paysage économique et social est similaire, teinté de chômage chez les jeunes et de coupes budgétaires.   		
Mais depuis les années 1980, la police a aussi procédé à une  introspection et enquêté sur ses failles, souligne le quotidien, ainsi  qu'un émeutier de Brixton en 1981 dans les colonnes du Guardian.  La préparation des manifestants était bien plus poussée, ne se résumait  pas à un simple tweet. Et surtout, en 2011, les émeutiers ne portent  pas de "message politique", ajoute l'ancien de Brixton. Ils ne parlent  pas du "ghetto", ajoute l'Independent, pour qui le mouvement est plus "décadent que désespéré".  		
Quel rôle pour les réseaux sociaux? 
Autre  différence: Internet. Facebook et Twitter ont bruissé ces derniers  jours, Scotland Yard promet d'ailleurs de poursuivre les auteurs de  messages "incendiaires" postés sur ces sites. Mais les utilisateurs y  ont surtout renvoyé vers la messagerie instantanée de Blackberry, BBM.  Gratuit, rapide... et crypté, ce système ne facilite pas la tache des  forces de l'ordre. Les autorités canadiennes s'étaient déjà plaintes de  manifestations "orchestrées" via BBM en 2009, note au passage El Pais en Espagne. Ce mardi, un élu de Tottenham demande la suspension de la messagerie de Blackberry, annonce Sky News.  		
Mais les Britanniques utilisent aussi les réseaux sociaux pour une autre mobilisation: le nettoyage des quartiers troublés. Le Telegraph met en avant un groupe Facebook  et un site créé pour l'occasion, tandis que sur Twitter, le hashtag  #londonriots est concurrencé par l'autre mot-clé #riotcleanup, notamment  utilisé par le candidat travailliste à la mairie de Londres, Ken Livingstone! 
3 commentaires:
Le Royaume-Uni en train de s'embraser?
Il est clair dans mon esprit que tout ce chaos ait encore été provoqué par la volonté suprême de ceux qui mènent le monde actuellement, en créant ou semant de la violence extrême partout pour qu'ensuite les gens consternés et apeurés demandent aux autorités davantage de répression.
N'est-ce-pas ce qui était écrit en toutes lettres, et dit sans détour dans ta vidéo no. 1 sur le Nouvel Ordre Mondial?
Comme si cette méprisable engeance (N.O.M.) était de plus en plus "excitée" au fur et à mesure qu'elle approche de son but ultime (solution finale): un seul gouvernement, une seule armée, une seule monnaie.
Incroyable, mais vrai!
May
Mon Dieu que tu éclaires mes lanternes des fois.
Je n’y avais pas pensé.
Tout est bon pour semer la panique générale.
Nous avons vécu la même chose en 2008 avec la mort de Freddy Villanueva.
À Montréal-Nord, des émeutes ont éclaté dans la nuit de dimanche à lundi au terme d'une manifestation visant à dénoncer la mort de Freddy Villanueva, un jeune homme de 18 ans abattu samedi par la police dans le parc Henri-Bourassa.
Sauf qu’à Londres, c’est un peu plus corsé.
Ben oui ...!
May
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