Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

mercredi 21 août 2013

La laïcité de l'État et de l'identité québécoise


Qu'il est heureux de voir le Parti québécois aborder de front les questions de la laïcité de l'État et de l'identité nationale. Son intention de bannir les signes religieux apparents de ses institutions émane d'une volonté courageuse. Si le geste se heurtera à 1000 obstacles, il est néanmoins essentiel et encourageant.

Encourageant, car suite au rapport Bouchard-Taylor, nos décideurs avaient bien peu donné suite au dossier de la laïcité, se réfugiant dans une «laïcité ouverte» inachevée, faute de volonté politique. Au mieux, on aura mis de l'avant le cours d'Éthique et culture religieuse dans les écoles, ce dernier ayant surtout permis l'obtention de la paix sociale. Cette présente initiative du gouvernement concernant les signes religieux - que certains targuent d'électoraliste, alors que c'est tout le contraire -, tout comme la Charte des valeurs que présentera sous peu le ministre Bernard Drainville, est réjouissante à plus d'un titre. Elle a le mérite de témoigner d'une volonté d'incarner clairement la neutralité de l'État. Car oui, aux dernières nouvelles, les Québécois forment une nation laïque.

Concernant le crucifix qui demeurera à l'Assemblé nationale, est-ce si dramatique? Qui a-t-il de si odieux à le laisser là? Je veux bien croire que son instauration fut un geste symbolique, révélateur des rapports que Duplessis souhaitait entretenir avec l'Église, mais nous n'en sommes plus à un joug de l'église sur la société. La présence «patrimoniale» du crucifix n'indique en aucun cas que nous voulions mettre en place une «laïcité pour les autres» dans la pure tradition de la «laïcité républicaine» française. Il s'agit avant tout de perpétuer un héritage qui nous est véritablement propre. Notre laïcité doit savoir respecter le patrimoine québécois, témoin vivant d'une mémoire.
Loin d'être un repli sur soi, l'objet du PQ est la consolidation de la laïcité de notre société et de veiller à l'affirmation de soi de tous les Québécois et Québécoises sur la base de valeurs communes, notamment le respect de la dignité humaine, la liberté de conscience, l'égalité et la cohésion sociale.

Il s'agit de mettre en place les meilleures dispositions pour une intégration réussie de tous. Au contraire de ce que peut penser Charles Taylor, qui atteint le «Point Poutine» avec une facilité déconcertante, et Gérard Bouchard, qui n'hésite pas à crier à l'assimilation des minorités, je pense que de ne pas se pencher au grand jour sur ces délicats sujets que sont la laïcité et l'identité québécoise amènera inévitablement des tensions communautaires, ethniques, culturelles et contribuera à l'affaiblissement du lien social, à moyen et long terme.

De plus en plus, on observe que le multiculturalisme menace l'identité québécoise. C'est même tout l'héritage occidental qui se voit remis en question par celle-ci. Notre démocratie libérale repose, entre autres, sur un principe fondamental: une saine séparation du culte religieux et de la chose politique. C'est ce à quoi le PQ s'évertue aujourd'hui. Il est temps d'aller au-delà d'une laïcité de façade, celle-ci doit s'affirmer clairement dans l'espace public québécois.

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