Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

dimanche 8 septembre 2013

MOI MOI MOI – Greg Packer, l’anonyme le plus célèbre du monde


Greg Packer est probablement l'anonyme le plus cité par les médias américains. Depuis 1995, cet ancien agent de maintenance sur les autoroutes, aujourd'hui à la retraite, court les événements médiatiques et poursuit les journalistes qui les couvrent. Il s'arrange pour leur glisser son petit témoignage à l'oreille : pas grand-chose, mais assez, parfois, pour qu'on imprime ses mots ou qu'on les diffuse à la télévision. Depuis sa première réussite ("Les Juifs sont fans du pape Jean-Paul II", dans le Tampa Tribune, le 6 octobre 1995), il dévoue à ce petit jeu un temps considérable, avec succès.

"Il faut être au bon endroit au bon moment, explique-t-il au magazine The New Yorker,
qui dressait son portrait le 3 septembre, et savoir où les journalistes seront en train de travailler. Ma stratégie, c'est d'être au premier rang, d'être simplement moi-même, de montrer que je suis content d'être au premier rang. La plupart du temps, j'attire ainsi l'attention de la foule autour de moi et celle du journaliste."

L'image parle d'elle-même : sur la vidéo du New Yorker (ci-dessus), derrière un reporter qui s'exprime face à sa caméra, micro au poing devant une foule, on voit Packer, son sourire, sa joie qui paraît sincère. On a déjà envie envie de l'entendre.

Packer dit avoir assisté à quatre déplacements présidentiels aux Etats-Unis, aux visites de deux papes et à deux Superbowls ("Il faut que les Giants gagnent", déclare-t-il au Rocky Mountain Times, le 4 février 2008) ; il s'est approché au plus près du lieu de la cérémonie lors de l'enterrement de Withney Houston ("C'est important d'être ici avec les fans, parmi eux", Los Angeles Times, le 18 février 2012) ; il a été le premier à acheter un iPad dans le magasin Apple de la 59e Rue à Manhattan, à New York. Il avait campé quatre semaines devant la porte.

M. Packer n'a rien de particulier à dire : pas de message politique à faire passer, pas de cause à défendre. Il s'amuse. Il est heureux d'avoir "accompli quelque chose"quand il voit son nom imprimé, son visage filmé par une caméra, pas si loin des grands de ce monde.

"Tout allait bien, dit il, jusqu'à ce que l'agence AP [Associated Press, l'une des principales agences de presse, dont de nombreux médias à travers le monde publient les dépêches] envoie un mémo à tous ses journalistes, leur demandant de ne plus me citer dans leurs publications."


Voici un extrait du mémo, daté du 16 juin 2003 : "Le monde est rempli de toutes sortes de gens intéressants. L'un d'eux est Greg Packer, de Huntington, NY, qui vit apparemment pour voir son nom apparaître dans les dépêches d'AP et dans d'autres médias. Et ça marche : une recherche sur [la base de données] Nexis a donné 100 mentions dans diverses publications. (…) Il est clair que M. Packer désire ardemment être cité. Soyons désireux nous aussi, de trouver d'autres personnes à citer."

Depuis, M. Packer a un peu plus de mal à se faire citer par des journalistes. Mais il y réussit encore. Et il est très fier de la reconnaissance que lui a apportée l'agence AP.

Son histoire rappelle celle de "l'homme à la pancarte" que Le Monde.fr avait interviewé en mai. Jean-Baptiste Reddé, enseignant et poète, brandit ses slogans militants dans de nombreuses manifestations à travers l'Europe. Il est un aimant pour les photographes.


L'homme-pancarte, la personne la plus... par lemondefr

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