ukraine-extreme-droite
Par Michel Chossudovsky, le 2 mars 2014
Selon le New York Times, "Les États-Unis et L’Union Européenne ont embrassé la révolution ici comme le fleurissement d’une autre démocratie, un coup porté à l’autoritarisme et à la kleptocratie de l’ancien espace soviétique." (emphase ajoutée)
"Une démocratie florissante, une Révolution"? Les tristes réalités sont bien différentes. Ce qui est en jeu est un coup d’état sponsorisé par les USA/UE/OTAN, en violation flagrante du droit international.
La vérité interdite c’est que l’Occident a réalisé – à travers une opération secrète soigneusement mise en scène – la formation d’un régime fantoche intégrés par des Néo-Nazis.
 
Fait confirmé par l’assistante du ministre des affaires étrangères US Victoria Nuland, des organisations clé en Ukraine, y compris le parti néo-nazi Svoboda ont été généreusement soutenues par Washington: "Nous avons investi plus de 5 milliards de dollars pour aider l’Ukraine à accomplir ces objectifs et d’autres… Nous continuerons à soutenir l’Ukraine vers l’avenir qu’il mérite."
Les médias occidentaux ont négligemment évité d’analyser la composition et les fondations idéologiques de la coalition gouvernementale. Le mot "Néo-Nazi" est tabou. Il a été exclu du dictionnaire de la narration des médias mainstream. Il n’apparaîtra pas dans les pages du New York Times, du Washington Post ou de The Independent. Les journalistes ont reçu l’instruction de ne pas utiliser le terme "Néo-Nazi" pour désigner Svoboda ou le Secteur Droit.
 
La composition du gouvernement de coalition
Nous n’avons pas affaire à un gouvernement de transition dans lequel des éléments néo-nazis intègrent les franges de la coalition, dirigée formellement par le parti de la Patrie.
Le Cabinet n’est pas seulement investi par Svoboda et le Secteur Droit (sans parler d’anciens membres du défunt UNA-UNSO fasciste), les deux principales entités néo-nazies ont été confiées des positions clé qui leur assurent de facto le contrôle sur les forces armées, la police et la sécurité nationale.
Tandis que le parti de la Patrie de Iatséniouk contrôle la majorité des portefeuilles et qu’Oleh Tyahnybok n’a reçu aucun poste ministériel important (apparemment à la demande de l’assistante du Secrétaire d’État Victoria Nuland), des membres de Svoboda et du Secteur Droit occupent des positions clé dans le domaine de la défense, des forces de l’ordre, de l’éducation, de la justice et des affaires économiques.

Le chef du parti néo-nazi Svoboda, Oleh Tyahnybok

L’assistante du Secrétaire d’Etat US Victoria Nuland, avec Oleh Tyahnybok (à gauche)
Andriy Parubiy (à droite), cofondateur du parti néo-nazi National-Socialiste d’Ukraine (par la suite renommé Svoboda), a été nommé Secrétaire du Comité de la Sécurité Nationale et de la Défense Nationale (RNBOU) (Рада національної безпеки і оборони України), une position clé qui supervise le ministère de la défense, les forces armées, les forces de l’ordre, la sécurité nationale et le renseignement. Le RNBOU est le corps central qui prend les décisions. Alors qu’il est formellement dirigé par le président, il est géré par le Secrétariat avec une équipe de 180 personnes comprenant des experts de la défense, du renseignement et de la sécurité nationale.
 
Parubiy a été l’un des principaux leaders derrière la Révolution Orange en 2004. Son organisation a été financée par l’Occident. Les médias occidentaux parlent de lui comme le "kommandant" du mouvement d’Euro-Maïdan. Andriy Parubiy tout comme le chef de parti Oleh Tyahnybok est un disciple du Nazi ukrainien Stepan Bandera, qui avait collaboré au meurtre en masse de Juifs et de Polonais pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Défilé néo-nazi en hommage à Stepan Bandera
De plus, Dmytro Yarosh, leader de la délégation du Secteur Droit au parlement, a été nommé Secrétaire-adjoint de Parubiy au RNBOU.
Yarosh était le chef des paramilitaires néo-nazis à chemises brunes pendant le mouvement "contestataire" de l’Euro-Maïdan. Il a appelé à la dissolution du Parti des régions et du Parti Communiste.

Discours de Dmytro Yarosh à Euro-Maïdan (au centre)
Le parti néo-nazi contrôle également le processus judiciaire avec la nomination d’Oleh Makhnitsky du parti Svoboda au poste de Procureur-Général d’Ukraine. Quelle genre de justice va-t-il y avoir avec un Néo-Nazi notoire en charge du Bureau du Procureur de l’Ukraine?
Des positions du cabinet ont aussi été allouées à d’anciens membres de l’organisation marginale néo-nazie Assemblée Nationale Ukrainienne – Auto-Défense Nationale Ukrainienne (UNA-UNSO):
Tetyana Chernovol, décrite par la presse occidentale comme une journaliste d’investigation en croisade sans mention de son implication passée dans l’UNA-UNSO antisémite, a été nommée à la tête du comité anti-corruption du gouvernement.
Dmytro Bulatov, connu pour avoir à priori été kidnappé par la police, mais aussi avec des connexions à l’UNA-UNSO, a été nommé ministre de la jeunesse et des sports.
Yegor Sobolev, leader d’un groupe civique à l’Euro-Maïdan et politiquement proche de Iatséniouk, a été nommé directeur du Comité de Lustration, chargé de la purge des supporters du Présient Yanoukovitch du gouvernement et de la vie publique.
Le Comité de Lustration doit organiser la chasse aux sorcières néo-nazie contre tous les opposants au nouveau régime néo-nazi. Les cibles de la campagne de "lustration" sont les personnes en position d’autorité au sein des services publics, des gouvernements régionaux et municipaux, de l’éducation, de la recherche, &c. Le terme lustration se réfère à la "disqualification de masse" des personnes associées à l’ancien gouvernement. Il a aussi des tonalités racistes. Ilsera selon toute probabilité dirigé contre les Communistes, les Russes et les membres de la communauté juive.
 
Il est important de réfléchir au fait que l’Occident, formellement dévoué aux valeurs démocratiques, n’a pas seulement été le fer de lance de la destitution d’un président élu, il a installé un régime politique intégré par des Néo-Nazis.
C’est un gouvernement fantoche qui permet aux USA, à l’OTAN et à l’UE d’interférer avec les affaires internes de l’Ukraine et de démanteler ses relations bilatérales avec la Fédération de Russie. Toutefois, il doit être compris que les Néo-Nazis ne sont pas ceux qui, au bout du compte, donnent les directives: sous un "régime de règne indirect" ils prennent leurs ordres sur les sujets cruciaux militaires et de politique étrangère – y compris le déploiement de troupes dirigées contre la Fédération de Russie – du Secrétariat d’État US, du Pentagone et de l’OTAN.
 
Le Monde est à un carrefour dangereux: les structures et la composition de ce gouvernement fantoche installé par l’Occident ne favorisent pas le dialogue avec le gouvernement et les militaires russes.
Un scénario d’escalade militaire menant à une confrontation entre la Russie et l’OTAN est une claire possibilité. Le RNBOU ukrainien, contrôlé par les Néo-Nazis joue un rôle central dans les affaires militaires. Dans la confrontation avec Moscou, les décisions prises par le RNBOU dirigé par le néo-nazi Parubiy et son adjoint à chemise brune Dmytro Yarosh – en consultation avec Washington et Bruxelles – pourraient potentiellement avoir des conséquences dévastatrices.
"Le fleurissement de la démocratie" en Ukraine – pour utiliser les mots du New York Times – est appuyé par les Républicains et les Démocrates. C’est un projet bi-partisan. N’oublions pas que le Sénateur John McCain est un ferme soutien et ami du chef néo-nazi de Svoboda Oleh Tyahnybok (photo à droite).
Ceci dit, il va sans dire que le "soutien" à la formation d’un gouvernement néo-nazi n’implique en aucune façon le développement de "tendances fascistes" à l’intérieur de la Maison Blanche, du Département d’État et du Congrès US. (ironie, quand tu nous tiens… ndlr)
Source:http://globalepresse.com/2014/03/03/les-usa-ont-installe-un-gouvernement-neo-nazi-en-ukraine/