Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

mercredi 30 novembre 2011

Un pharmacien ne sera jamais un médecin


Le Dr Louis Godin<br />
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Le Dr Louis Godin


Pouvoirs accrus aux pharmaciens - Un consensus qui craque
Les omnipraticiens rappellent en commission parlementaire qu'«un pharmacien ne sera jamais un médecin»

Le beau consensus autour du projet de loi octroyant des pouvoirs accrus aux pharmaciens s'est craquelé à Québec hier. En commission parlementaire, les médecins omnipraticiens et les infirmières ont exprimé plusieurs réserves. «Préoccupée», la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) estime carrément qu'un projet de loi est superflu, mais l'entérine à condition que des balises strictes soient établies pour éviter des dérapages.

Le projet de loi 41 vise à élargir le champ d'action des pharmaciens. Prolonger ou ajuster une ordonnance, administrer un médicament aux fins d'enseignement, prescrire des analyses de laboratoire ou des médicaments: la FMOQ «ne tolérera aucune dérive», écrit-elle dans son mémoire. Eux qui semblaient plutôt satisfaits au lendemain de l'annonce du 15 novembre, les omnipraticiens sont apparus inquiets, hier.

Dans un mémoire de quelques pages, la FMOQ assure qu'elle «partage les buts et les objectifs» du projet de loi. Mais sur les moyens, la dissension est importante.

Plusieurs informations ont circulé depuis l'annonce initiale, à savoir qu'un pharmacien pourrait prescrire un médicament contre les nausées à une femme enceinte, ou un antiviral pour un feu sauvage. Cela a alimenté le changement de ton de la FMOQ, a expliqué aux députés son président, le Dr Louis Godin. Il demande au Collège des médecins d'éviter «de banaliser l'exercice de la médecine». «Un pharmacien ne sera jamais un médecin», ajoute la FMOQ dans son mémoire. «L'identification de ces conditions devra émaner d'un raisonnement scientifique et non pas de quelconques sondages d'opinion», avertit-elle. Les omnipraticiens craignent aussi qu'en comptant davantage sur leur pharmacien, les patients les visitent moins souvent et que cela entrave «la qualité du suivi médical».

La FMOQ, ainsi que l'Ordre des infirmières, s'inquiète aussi du fait que «le pharmacien pourrait possiblement tirer des bénéfices des médicaments qu'il prescrit et vend tout à la fois». «Le législateur doit trouver des moyens» de prévenir les conflits d'intérêts, a averti la présidente de l'Ordre des infirmières, Gyslaine Desrosiers.

La FMOQ croit que «la modification de la Loi sur la pharmacie ne constitue pas la meilleure voie». Pour le Dr Godin, «pour la majorité des éléments, ça aurait pu être réalisé» dans le cadre législatif actuel.

Infirmières laissées pour compte


Le projet donne aux infirmières le sentiment d'avoir été laissées pour compte. Elles voudraient pouvoir prescrire certains médicaments ou en ajuster la posologie, de même que prescrire certains traitements et radiographies aux patients, à l'instar des nouveaux pouvoirs accordés aux pharmaciens.

Invoquant qu'il s'agit d'une de leurs compétences, elles sont aussi très réfractaires à accorder aux pharmaciens le droit d'administrer des médicaments comme l'insuline pour enseigner la technique aux patients, et demandent que cette activité soit retirée du projet de loi.

Le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens, qui ont collaboré étroitement pour en arriver à cette annonce, ont tenté de rassurer leurs collègues.

Alors que les infirmières ravivaient également le débat autour des ordonnances collectives, qui vivotent dans certaines régions, le ministre de la Santé Yves Bolduc a fait preuve de fermeté avec les différents professionnels de la santé. «Aujourd'hui, on en donne beaucoup aux pharmaciens. Une fois que ça va être adopté, je vais m'attendre à ce que les ordonnances collectives fonctionnent. Je ne m'attends plus à faire de l'arbitrage entre les trois ordres professionnels.»

Le président du conseil d'administration du Conseil pour la protection des malades, Paul G. Brunet, a confié au Devoir craindre que la FMOQ fasse dérailler un projet de loi pour lequel, enfin, «le Collège des médecins a fait preuve de collaboration, d'innovation et d'ouverture».

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http://www.ledevoir.com/societe/sante/337276/pouvoirs-accrus-aux-pharmaciens-un-consensus-qui-craque?utm_source=infolettre-2011-11-30&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne
Avec La Presse canadienne

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et le médecin ne sera jamais un pharmacien qui connaît mieux les drogues qu'il vend que le médecin.
Sue