Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

dimanche 27 octobre 2013

Charte des valeurs: les «Janette» manifestent à Montréal


 26 octobre 2013 18h14 |
Bahador Zabihiyan | Actualités en société Le Devoir
     Photo : Annik MH De Carufel - Le Devoir Michelle Blanc (derrière, à gauche), Julie Snyder (à gauche) et Djemila Benhabib (à droite). Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi en faveur du projet péquiste de Chartes des valeurs, à Montréal. Notre journaliste Bahador Zabihiyan était sur place pour couvrir l'événement. Sur Twitter: @bahadorz 

 Malgré le temps plutôt froid, plusieurs milliers de personnes sont venues soutenir la Charte des valeurs, à l’occasion d’un appel au rassemblement lancé par les «Janette», samedi après-midi à Montréal. Parmi elles, Janette Bertrand, qui est à l’origine du mouvement, mais aussi Julie Snyder, Martine Desjardins et Djemila Benhabib.

Le point de départ de la manifestation était à la place des Festivals. La foule était alors répartie sur une bonne partie de la surface de cette place, située au centre-ville de Montréal. Janette Bertrand elle-même a tenu à venir saluer la foule, au début de la manifestation. Aidé par Julie Snyder et des agents de sécurité, l’octogénaire a tant bien que mal réussi à grimper la petite échelle qui lui a permis de monter sur une estrade. Elle a salué la foule, et a félicité les manifestants, qui sont venus malgré la fine pluie et le temps plutôt froid. «Quand je me suis levée ce matin, je me suis dit: il ne va y avoir personne. C’était mal penser des femmes et des hommes, je vous remercie de tout mon coeur d’être venu pour faire cette marche», a-t-elle déclaré, sous les applaudissements d’une foule conquise d’avance. Elle n’a pu marcher jusqu’au parc La Fontaine, qui était le point d’arrivée prévu du cortège, pour des raisons de santé. Julie Snyder l’a accompagné à une voiture, stationnée près de la place des Festivals, quelques minutes après qu’elle se soit adressée à la foule. «Elle était très en forme aujourd’hui. Elle avait envie de les remercier», a raconté Mme Snyder au Devoir.

L’animatrice de télévision et la compagne de l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau a marché en tête du cortège, accompagné de plusieurs autres «Janette», dont Djemila Benhabib, ancienne candidate péquiste à Trois-Rivières et Martine Desjardins. Mme Snyder en a profité pour répondre à ceux qui lui reprochent de trop s’impliquer sur le plan politique. Elle a indiqué qu’elle ne souhaitait pas faire de politique. «Je suis candidate pour le parti “égalité hommes-femmes”», a lancé à la blague Mme Snyder. «Moi, je vais à la messe de minuit. Qu’on aille à la mosquée, à la synagogue, on vit notre religion, mais pas dans l’État», a-t-elle expliqué, en défendant la laïcité.

Le cortège a remonté la rue Sainte-Catherine vers l’est, pour se diriger vers le parc La Fontaine. Trois militantes Femen, Xenia Chernyshova, Julie-Anne Beaulac et Morgane-Mary Pouliot, ont surpris les «Janette» lorsqu’elles sont arrivées en tête de la manifestation, les seins nus, afin de montrer leur soutien à la charte. «On soutient la laïcité [...] seins nus, parce que notre corps, c’est notre tribune, c’est notre manifeste», a expliqué la porte-parole des militantes Femen, Mme Chernyshova, qui a déjà participé à plusieurs actions du même type au Québec. Des policiers à vélo les ont dirigé vers le trottoir. «Il faut être habillé», a expliqué un des policiers. Ces derniers les ont finalement autorisés à rejoindre la marche, les seins nus, après une dizaine de minutes.

Une demi-heure plus tard, ce sont des militantes anarcho-féministes opposées à la Charte qui ont accroché une banderole noire et mauve sur le parcours de la manifestation. «Les Janette féminisme raciste!» pouvait-on lire sur la banderole, qui a rapidement été détachée et confisquée par les policiers.

«Non à la charia!»

«Non à la charia!» criait Jean-Claude Déraps, à son arrivée au parc La Fontaine. «Les personnes qui veulent faire comme dans leur pays, pourquoi ils ont quitté leur pays? Ils sont malheureux ou quoi? [...] Ils s‘en viennent ici, puis ils sont même plus religieux, plus orthodoxes qu’ils ne l’étaient dans leurs propres pays. Ça, c’est inacceptable», explique ce Montréalais qui est venu soutenir la Charte. «Au Québec, c’est uniforme, tout le monde est égal devant la loi, et la loi, c’est celle de la société, c’est celle que l’on se donne comme Québécois, avec nos valeurs québécoises, et non les valeurs des musulmans ou autres», dit-il.

Vers la fin de manifestation, le cortège s’étendait de l’intersection de l’avenue La Fontaine et de la rue Bousquet, jusqu’au-delà de l’intersection des rues Berri et Cherrier, c’est-à-dire une distance d’environ 400 mètres. La foule était toutefois clairsemée et ne remplissait pas toute la largeur des rues.

L’ancienne candidate péquiste pour Trois-Rivières, Djemila Benhabib, s’est montrée très satisfaite de la participation. «Il faut défendre cette valeur essentielle et ce principe qui est la laïcité», a-t-elle expliqué. Interrogée quant à savoir si elle serait candidate pour le Parti québécois en cas d’élections, elle n’a pas souhaité donner de détails. Mme Benhabib, qui vit à Trois-Rivières, n’a pas voulu confirmer ou démentir une éventuelle candidature, notamment dans la circonscription de Nicolet-Bécancour.

La Charte avec des ajustements

Plusieurs participants ont indiqué qu’ils soutenaient la Charte, certes, mais qu’il devrait y avoir des ajustements. C’est le cas de l’ancienne présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins. Cette dernière souhaite que le crucifix soit retiré de l’Assemblée nationale et que la charte vise les symboles de toutes les religions. «Il ne faut pas que ce soit seulement une «catho-laïcité», on élimine tous les signes religieux», indique-t-elle.
 
 
 
 


 
 
 
 
 
 



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