Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

mardi 2 août 2011

Des « Actes de gentillesse » déconcertent les usagers du métro londonien

L’art de laisser sa place ?


Article rédigé par ARTINFOfrance

L'art de laisser sa place ? Des « Actes de gentillesse » déconcertent les usagers du métro londonienLes Londoniens ne sont pas vraiment réputés pour leur gentillesse, en particulier quand ils prennent les transports publics. L’autre jour, un ami me racontait comment un enfant était monté accidentellement dans une rame de métro, seul et totalement ignoré part les autres utilisateurs, tandis que sa mère, en panique, l’appelait au travers des portes closes. A Londres, on se fait maudire si l’on a le toupet de s’engager du mauvais côté des escalators, et très peu d’entre nous prennent la peine de laisser leur place à une femme enceinte ou à une vieille dame.
Le projet de Michael Landy, Acts of Kindness, conçu dans le cadre du programme urbain Art on the Underground, pourrait améliorer cette bien triste réputation. L’artiste, qui avait une fois détruit ses propres biens pour une performance (Break Down, en 2001), a demandé au public et aux agents du métro de lui envoyer leurs témoignages des petites expériences sympathiques vécues tout au long du réseau souterrain. Dix d’entre eux sont destinés à être exposés au fil de la Central Line. Certains ont déjà fait leur apparition, et d’autres viendront s’ajouter. « La gentillesse est un geste de confiance entre les gens. Elle comporte un risque. On peut simplement vous ignorer, ou prendre mal ce geste », a confié Landy à ARTINFO. Cette délicate interaction est au cœur du projet de l’artiste, qui, selon lui, « traite du sentiment d’être connectés les uns aux autres ».
Ok. Pourtant, à Holborn Station, l’exposition paraît quelque peu décevante. J’ai pu y découvrir une seule histoire, et elle semble si stratégique que je suspecterais presque le Transport of London d’en être l’auteur. Voilà ce qui est écrit : « Je marche avec une canne, et je voyage quotidiennement sur la Central Line. Je suis reconnaissant à tous ces anonymes qui me cèdent leur place. Merci à vous tous ». Hier, je n’étais pas la seule à ne pas être impressionnée. J’ai demandé à deux employés des guichets ce qu’ils pensaient du projet. « C’est épouvantable », a répondu l’un d’entre eux. « On devrait la retirer », a-t-il ajouté en désignant l’affiche, « elle se détache déjà. En plus, j’ai lu une seule histoire provenant d’un agent du métro - et elle ne mentionne même pas la station ».
En rentrant, je ne pouvais m’empêcher de me demander à quoi servait ce projet. J’ai interrogé les gens ici et là, dans la rame : « Avez-vous entendu parler du projet « Art for the Underground » ? Personne n’était au courant. J’ai réalisé à quel point il était inutile de mentionner la démarche artistique de Landy. Chaque jour, des foules passent devant les affiches, et personne n’y prête attention. Et pourtant, il y a quelque chose de foncièrement réconfortant, dans cette célébration de la générosité et de la compassion. Espérons qu’au fil des mois, les affiches soient si nombreuses qu’on ne puisse plus les ignorer. Alors, peut-être amèneront-elles un peu d’humanité à nos trajets quotidiens, et encourageront-elles d’autres actes d’amabilité. Il y a encore beaucoup à faire, mais c’est une perspective revigorante.
Voici une brève sélection de ces « actes de gentillesse » :
« En courant dans les escaliers pour attraper le métro, je n’avais pas remarqué que mon iPod était tombé de ma poche. Je ne m’en suis aperçu qu’une fois dans la rame, en observant un inconnu le ramasser, sur le quai humide. Il m’a regardé au travers des portes qui se refermaient (alors que je m’attendais déjà à ne plus jamais le revoir) et a articulé ces mots ’J’attendrai ici !’ C’est ce qu’il a fait ».
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« Je pleurais sur la Victoria line, vendredi dernier. Problème de cœur. Quand je suis sortie à Stockwell, une fille d’à peu près 22 ans a couru vers moi pour voir si j’allais bien. Elle m’a serrée dans ses bras, puis m’a regardé droit dans mes yeux remplis de larmes, en disant ’Parfois, on a juste besoin d’être serré par un(e) total(e) inconnu(e) dans le métro’. Alors qu’elle repartait, j’ai réalisé qu’elle avait raison. »
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« Un matin, sur la Jubilee Line, une femme a prêté attention à mon visage, et a enlevé une petite couche de mousse à raser que j’avais laissée sur mon oreille. Au beau milieu d’un train rempli à craquer, en partance pour Canary Wharf, ça m’a fait sourire, tout comme la personne assise à côté de moi. Un véritable acte de gentillesse (ou de pitié) ? »
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« Un vendredi soir, je suis montée dans le métro, habillée pour sortir, en pensant être la plus belle. Une femme est venue vers moi, et très gentiment, très calmement, elle m’a dit que ma jupe était coincée dans ma culotte »
Crédit Photo : benedictjohnson.com, Courtesy Art on the Underground
L’artiste Michael Landy

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