Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

vendredi 4 octobre 2013

Wall Street, cette fois, devrait être inquiet




Charles Sannat dans la revue de presse , et wall street qui "devrait être inquiet" : c’est vrai ! revue de presse 2013 Z@laresistance

Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

J’ai emprunté le titre de cet édito à Barack Obama « himself » ("lui-même" en français, c’est juste pour montrer que je sais parler anglais et mon anglais est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale). Donc the president of the United States a dit lui-même que Wall Street, cette fois, devrait commencer à avoir peur…

Pour une fois qu’un président est aussi pessimiste que moi, je ne vais tout de même pas bouder mon plaisir.

Et là, je dois vous avouer que cette nouvelle journée de blocage a donné lieu à de multiples déclarations toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Je garde évidemment la meilleure pour la fin, et vous comprendrez pourquoi surtout si vous avez lu l’édito d’hier intitulé « Le défaut global a-t-il commencé ? ».

Budget américain : pas de progrès, Obama se dit "exaspéré"

John Boehner est le président républicain de la Chambre des représentants (il tient le rôle du méchant-méchant dans l’épisode 2 de la saison 3 de la série « The White House Shutdown »). Il s’exprimait aujourd’hui après sa rencontre avec le président Obama.

Selon l’AFP qui nous rapporte ce qui s’est passé, John Boehner (le méchant-méchant) a dit que "le président a répété une nouvelle fois qu’il ne voulait pas négocier" en parlant d’Obama (qui incarne le gentil-gentil).

Les troupes républicaines (les méchants-méchants qui veulent attaquer la croissance française, ce qui inquiète énormément notre Moscovenivedivici national) s’opposent ouvertement à la réforme de l’assurance-maladie promulguée par M. Obama et refusent de voter un budget qui n’en supprimerait pas le financement.

Nouveauté du jour : figurez-vous, et vous allez être surpris car évidemment on ne pouvait s’y attendre (sauf pour ceux qui lisent Le Contrarien Matin), que ces vilains républicains « ont aussi menacé de lier cette question à celle du relèvement du plafond de la dette, nécessaire selon le Trésor d’ici au 17 octobre ».

Eh oui mes chers amis, nous y allons tout droit. Comme je l’écrivais hier, il y a cette fois-ci très peu de chance que les républicains refusent de voter un budget pour laisser augmenter le plafond de la dette. Du point de vue des républicains, accepter l’Obamacare c’est remettre en cause le fonctionnement des USA… Depuis Roosevelt, les démocrates essaient de mettre en place un système général de santé… et depuis les années 30, ils échouent lamentablement. Une partie non négligeable des USA… ne veut pas devenir un pays « socialiste ». Comprenez par là que le respect du principe « marche ou crève » doit être respecté de façon intangible… Et c’est bien ces fondements-là que l’Obamacare remet en cause (vu d’ici, que l’on soit pour ou contre n’a aucune importance. Obama n’est pas le président du monde et c’est un problème de culture américaine difficilement compréhensible avec notre prisme européen).

Mais au-delà de la vision politique de ce que doit être ou ne pas être la société américaine, il demeure un réel problème économique et c’est un point d’achoppement majeur. Effectivement, l’Obamacare va coûter cher, très cher à la collectivité. Cela va nécessiter de nouveaux impôts, de nouvelles taxes fédérales. Ces coûts ne feront qu’augmenter au fur et à mesure que la crise économique s’aggrave et surtout que la population… vieillit ! Nos anciens coûtent cher, très cher en soins médicaux. Comme tous les pays, les USA sont confrontés à ce problème du vieillissement de la population et donc à cette augmentation des coûts qui, aujourd’hui, reposent essentiellement sur les gens eux-mêmes. Soit ils peuvent payer… soit pas. C’est aussi simple que ça. Toujours cette idée du marche ou crève et si vous ne pouvez pas payer vos soins et que vos enfants ne le peuvent pas non plus, ce n’est pas de la faute de l’État… c’est de votre faute à vous. C’est une logique. On y adhère ou pas, mais c’est celle des républicains.

Conséquence : si les républicains laissent passer cette loi et qu’ils reviennent aux affaires dans trois ans, effectivement la situation budgétaire américaine se sera considérablement dégradée. Pas de croissance, moins de rentrées fiscales, un poids colossal de la dette, des taux d’intérêt qui ne peuvent à terme que monter rendant la dette impayable et des coûts de financement de la santé pour tous qui vont inévitablement exploser avec l’arrivée à la retraite (donc dans la vieillesse) des classes d’âge les plus nombreuses.

Il y a peu d’intérêt pour les républicains de se retrouver dans cette situation dans 3 ans. Encore une fois, autant prendre les devants dès maintenant et mettre Obama devant ses propres choix.

Les démocrates inflexibles… pour le moment !

D’après l’AFP, le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a exclu de céder sur la réforme de la santé et a exhorté les républicains à adopter une loi budgétaire valable quelques semaines, le temps de trouver un accord plus large.

Quant au président Obama, il a indiqué devant la chaîne CNBC : « Évidemment, je suis exaspéré, parce que cette crise est complètement superflue et je ne négocierai pas avec mes adversaires sur un relèvement du plafond de la dette. »

C’est à ce moment-là qu’il a ajouté que "Wall Street, cette fois, devrait être inquiet" du blocage actuel. Barack Obama venait de s’entretenir avec ses vrais patrons à savoir les grands banquiers américains dont le plus grand chef Lloyd Blankfein, lepédégé de Goldman Sachs, et Brian Moynihan, le mamamouchi en chef de Bank ofAmerica. On ne sait pas trop ce qui a pu se dire lors de cette réunion mais comme vous tous, j’aurais bien aimé être une petite souris pour entendre ce qui s’est raconté dans le bureau ovale.

Nous saurons juste qu’à la sortie Lloyd Blankfein (le vrai patron du Monde), a indiqué que « s’il existe des précédents pour une paralysie de l’État, il n’y a pas de précédent pour un défaut. On peut discuter à nouveau de ces questions politiques (en parlant d’Obamacare) mais il ne faut pas avoir recours à la

menace d’un défaut sur la dette comme moyen de pression ».

Je trouve cela très gentiment dit et, ma foi, somme toute particulièrement mou si Goldman Sachs était profondément opposée à une telle situation. Blankfein n’a pas été vraiment virulent à l’égard des méchants républicains qui mettent le monde entier en péril. Il faut dire que lui comme les autres ont de tels problèmes avec leurs bilans pourris qu’une petite faillite globale accompagnée de la fermeture des autorités de surveillance, et le tout avec une utilisation sans limite de la planche à billets de BenBernanke, le patron de la FED, pourrait bigrement leur être utile… d’où sans doute ces propos plus que mesurés.

Un indice supplémentaire que la situation pourrait durer nous a été donné aujourd’hui avec l’annulation d’une visite prévue de Barack Obama le 11 octobre en Malaisie et une autre aux Philippines. Sa participation à d’autres sommets pourrait également être remise en cause.

Le défaut sur la dette "potentiellement catastrophique" pour le Trésor

Le Trésor américain avertit mercredi qu’un « défaut de paiement des États-Unis sur leur dette serait sans précédent et potentiellement catastrophique, avec un impact plus grave que la crise financière de 2008 ». Finalement, comme on a réussi à s’en sortir en 2008, je doute que cela soit un bon argument pour les républicains jusqu’au-boutistes.

Dans son rapport, le Trésor américain écrit que « le marché du crédit pourrait se geler, la valeur du dollar pourrait plonger et les taux d’intérêt américains pourraient monter en flèche conduisant à une crise financière et une récession qui pourrait rappeler les événements de 2008, voire pire ».

Le secrétaire au Trésor Jacob Lew a rajouté que « comme nous l’avons vu il y a deux ans, l’incertitude prolongée sur le fait de savoir si notre nation paiera à temps et en totalité ses obligations financières va nuire à notre économie. Retarder le relèvement du plafond de l’endettement jusqu’à la dernière minute est exactement ce dont notre économie n’a pas besoin ».

Pour notre Christine Lagarde nationale accessoirement directrice générale du FMI, « la paralysie budgétaire est déjà assez néfaste mais l’incapacité de relever le plafond de la dette serait pire encore, et pourrait non seulement gravement endommager les États-Unis mais également l’ensemble de l’économie mondiale ».

Enfin, pour notre Mario Draghi européen (le chef de la BCE), « si cette paralysie se prolongeait elle représenterait un risque pour les États-Unis et pour le monde ».

Mais ils me semblent eux aussi avoir presque du mal à cacher leur joie face à ces Américains dont la politique pourrait bien servir d’alibi général à tout le monde pour justifier la catastrophe économique en cours depuis 2007 et dont il faudra bien sortir par décisions courageuses.

La note du 27 septembre de BNP PARIBAS !

Après ce petit tour d’horizon de la situation de blocage américaine, je vous ai gardé pour la fin cette note de BNP Paribas publiée le 27 septembre dernier par AlexandraEstiot, économiste.

Elle y nuançait parfaitement les risques liés à l’échéance du relèvement du plafond de la dette.

Pour elle, « si le Congrès manque la date du 17 octobre, date à laquelle le Trésor déclare qu’il arrivera à court de liquidités, un vote interviendrait peu après. La période de blocage serait donc trop courte pour générer des dégâts irréversibles.

Par ailleurs, si le plafond de la dette ne pouvait être relevé, le Trésor ne ferait pas défaut : pour couvrir les tombées de dette, il suffirait que les investisseurs acceptent de renouveler leurs positions, et la FED aurait toujours la possibilité de se positionner en soutien. »

Voilà qui est extrêmement intéressant car pour la première fois et ce depuis quelques jours, il est évoqué dans les milieux financiers que finalement, ne pas relever le plafond de la dette ne serait pas la catastrophe absolue… Il suffit juste que les investisseurs acceptent de renouveler leur position… C’est assez simple, vous en conviendrez.

Sauf que cela reviendrait à obliger les investisseurs et les épargnants à conserver des obligations dont ils veulent se séparer. Dans ce cas, il n’y a absolument pas défaut. Votre argent et votre épargne seront juste pris en otage. En Argentine, en 2001, cela avait pris le doux nom de « coralito » et ce fut le prélude à l’effondrement de ce pays… Mais surtout, surtout n’achetez pas d’or, laissez votre argent à la banque, et souscrivez un peu plus dans votre contrat d’assurance… Vous pouvez aussi prendre vos précautions. Il ne vous reste plus que 13 jours pour vous préparer et vous devez absolument vous demander ce que vous devez faire pour vous assurer un minimum de confort et de ressources au cas ou… la sagesse tant attendue ne l’emporterait pas cette fois.

À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/

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