Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

samedi 31 décembre 2016

Vos vies changeront grâce aux robots


L’intelligence artificielle sera au coeur d’une nouvelle révolution industrielle qui bouleversera l’économie mondiale
Des emplois sont en péril avec non seulement la robotisation des métiers décisionnels grâce à l’intelligence artificielle, mais en raison de l’automatisation de «jobs de bras». Le robot Baxter en est un bon exemple. Il a fait à notre journaliste une démonstration de sa capacité à manipuler des objets, lors d’une visite au CRIQ, à Québec. On le voit ici placer des balles de tennis dans des cavités.

Jean-Nicolas Blanchet
Les reins seront imprimés, la peinture générera de l’électricité, la moitié des emplois se transformeront, le monde du transport ne sera plus le même, des robots invisibles vous parleront et feront une partie de vos tâches ménagères. Ce ne sont plus seulement des hypothèses, ça commence. La tempête de la quatrième révolution industrielle est à nos portes.

230 millions d’emplois dans le monde sont voués à disparaître ou à se transformer radicalement dans la décennie selon l’Institut de recherche Mckinsey Global, qui anticipe des impacts économiques de près 7000 milliards de dollars.

«Encore trop peu de gens sont conscients de l’ampleur de la tempête. Ça va frapper. La révolution numérique va influencer radicalement l’économie mondiale», avance Jean-François Gauthier, président de l’Institut de gouvernance numérique du Québec, qui veut aider les institutions à faire la transition.

«Dans cinq ans, les robots domestiques coûteront moins de 2000 $. Ça deviendra un objet d’utilité courante. Ce n’est plus de la science-fiction. Ils sont vrais, ces robots. On peut jaser avec eux. Ils vont débarquer», poursuit M. Gauthier.

Cette révolution soulève déjà des défis importants dans plusieurs domaines. Des emplois et des revenus s’envolent déjà. Des secteurs économiques quémandent l’argent public pour survivre.

Les pays doivent se positionner pour éviter d’être «colonisés» par cette révolution, explique-t-il. «Le Québec doit se donner les moyens d’être parmi ceux qui vont créer la richesse. Il faut prendre le virage, comprendre l’urgence» et éviter de trop verser dans la culture «protectionniste», dit-il.


Jean-François Gagné, entrepreneur d’expérience en intelligence artificielle, évalue que les impacts seront au moins aussi importants que ceux de l’arrivée d’internet. Il ne croit pas à la thèse du «cataclysme» pour la perte d’emplois, mais il «faut planifier une transition».

​Québec doit naviguer dans la tempête
«Est-ce qu’on s’en va dans le mur? Je ne pense pas que les jeux soient faits. L’opportunité est encore devant nous. On peut se réveiller, non pas pour éviter de subir la tempête, mais plutôt pour y naviguer», ajoute-t-il. Mais, malheureusement, dit-il, «tant qu’on ne se fait pas assez mal, on ne change pas».

«On entre dans l’ère des perturbations technologiques. Dans les quinze prochaines années, jamais nous ne verrons plus de changements dans les industries et dans la société que nous en avons vus depuis la première révolution industrielle. Il n’y a aucun doute», nous explique en entrevue, Tony Seba, expert en perturbations technologiques dans Sillicon Valley et enseignant à l’Université Stanford.
Le malheur des uns, le bonheur des robots Ce n’est pas hypothétique, mais inévitable. Les robots vont remplacer les humains dans plusieurs domaines. Ils ont déjà commencé.

Une étude de l’Université d’Oxford a éveillé ceux qui n’y croyaient toujours pas. Les chercheurs ont conclu que 47 % des emplois aux États-Unis étaient «à risque» d’être informatisés ou remplacé par des robots d’ici 20 ans. L’étude concernait 702 emplois. Au Canada, en juillet 2016, le groupe BC Labour Market Solutions a publié un rapport qui faisait état d’une automatisation de 42 % des emplois au pays d’ici 20 ans.

Des métiers qui ont plus de 75 % de chances de disparaître :
Vendeur au détail, comptable, percepteur d’impôt, camionneur, chauffeur de taxi et de bus, ouvrier en construction, pêcheur, coiffeur, employé de bureau, arbitre de sport, agent et courtier immobilier, serveur, cuisinier, technicien juridique, analyste financier, agent de sécurité.

Des métiers qui ont moins de 2 % de chances de disparaître :
Travailleur social, psychologue, physicien, dentiste, policier, enquêteur, enseignant, gestionnaire en ressources humaines, analyste de systèmes informatiques, entraîneur physique, anthropologue, conseiller en rééducation, pharmacien, microbiologiste, thérapeute de mariage, ingénieur, chef d’entreprise.

*Source : The future of employment : How susceptible are jobs to computerisation, Oxford University, septembre 2013.
Le revenu minimal garanti s’invite dans le numérique
Des voix, même à droite, s’élèvent pour proposer un revenu minimal garanti afin d’atténuer les effets sociaux d’une robotisation de plusieurs types d’emplois.
La solution n’a rien d’utopique pour plusieurs experts. Deux des plus importants investisseurs américains en technologie, Marc Andreessen et Albert Wenger, font partie du lot. Un des plus grands génies californiens pour le lancement d’entreprises en technologie, Sam Altman, parle d’une «conclusion évidente» sur son blogue.

Les États ont des systèmes de chômage ou d’assistance sociale qui fonctionnent si seulement 5 à 20 % de la population y a recours. Ces systèmes doivent être réformés si ce pourcentage augmente brutalement, et c’est ce que prévoient plusieurs experts en technologie. Leur hypothèse, c’est qu’en donnant un revenu minimal garanti pour tous, travailleurs ou pas, les États pourront atténuer les impacts économiques des pertes d’emplois et motiver la population à innover.

«Il faut aller vers le salaire minimum garanti», croit le chercheur Yoshua Bengio. «Les humains pourront ainsi faire des choses plus intéressantes, plus créatives et dans lesquelles ils sont bons.»

«Si des changements sociaux sont trop rapides, ça risque de causer la misère, juge-t-il. On ne veut pas connaître la souffrance vécue par des millions de personnes lors de la dernière révolution industrielle.»

Beaucoup d’emplois
L’investisseur Sylvain Carle rapporte que même des «libertariens de Silicon Valley» ont ces discussions. «Ça va remettre en question beaucoup d’emplois avec, d’un côté, l’intelligence artificielle, et d’un autre, les «jobs de bras» avec l’automatisation. Les robots industriels coûtent deux fois moins cher et ont triplé depuis 2009. Pour Jean-François Gagné, entrepreneur en intelligence artificielle, le salaire garanti «fait partie du débat» pour «mettre en place l’écosystème idéal et [...] se concentrer sur l’éducation pour le repositionnement des travailleurs dans différentes industries».

Meilleures que les humains
L’intelligence artificielle et les robots ont fait leur apparition au milieu du 20e siècle, mais ce sont des progrès fulgurants récents qui rendent les machines meilleures que les humains.
C’est la «renaissance» de l’intelligence artificielle, explique Sylvain Carle.

Sylvain Carle, investisseur en technologie
Voix québécoise importante en technologie, il a travaillé chez Twitter en Californie et dirige maintenant FounderFuel, à Montréal où il épaule les jeunes entreprises qui souhaitent «surfer» sur la révolution numérique.

Les robots ne sont plus seulement capables d’analyser, «ils sont maintenant en mesure de prédire et de prendre des décisions», précise-t-il.

«Tout ce qui demande une certaine décision et qui peut être automatisé, c’est donc un travail qui va changer.»

La première étape, ce sont les robots qui augmentent les capacités des humains. À un moment donné, on va tellement faire confiance à la machine qu’on ne prendra plus les décisions», ajoute celui qui a investi dans une entreprise qui veut remplacer des avocats par des robots.

La «rock star» de Montréal
Cette renaissance a aussi un lien avec les travaux du réputé chercheur de l’Université de Montréal, Yoshua Bengio, qualifié de «rock star mondiale» dans le domaine. Pour la reconnaissance visuelle, par exemple, si l’humain est bon à 90 %, la machine l’était à 70 %. Mais grâce aux travaux du chercheur, la machine est passée à 99 %, illustre Sylvain Carle. «C’est ce qui est en train d’arriver!»

«Le commun des mortels n’est pas au courant de ce qui pourrait, avec de très grandes probabilités, changer rapidement la structure de nos économies», a expliqué M. Bengio, en entrevue.

Les ordinateurs n’ont maintenant besoin que de quelques secondes pour reconnaître une chanson, un visage, une odeur, traduire dans n’importe quelle langue et répondre à une question. Les machines s’améliorent chaque seconde.

Selon lui, le dossier de la révolution numérique doit d’avantage devenir un enjeu d’actualité, voire politique. «Il faut en parler, que les gens votent en fonction de ça, qu’il y ait des débats et une réflexion collective.»

Ces robots invisibles
Fondateur d’une firme new-yorkaise en intelligence artificielle, Dennis Mortensen, explique le futur pas si lointain. «Ce sera comme si vous engagiez quinze employés à votre maison. Ils vous aideront dans vos finances, tâches ménagères, votre liste d’épicerie et vous conduiront. Nous allons interagir avec ces robots invisibles», explique celui qui était conférencier à la JIQ (Journée de l’informatique du Québec), à Québec, l’automne dernier.

Pour planifier son entrevue avec nous, M. Mortensen a d’ailleurs utilisé son collègue Andrew, qui était, en fait, un robot. L’auteur de ces lignes n’y a vu que du feu. Un autre de ses robots, Ami, s’est d’ailleurs déjà fait inviter à un rencart. Le robot a dû répondre qu’il n’existait pas physiquement.

Journal de Montréal

Aucun commentaire: